Humeurs taurines et éclectiques

jeudi 12 avril 2012

Bis repetita ne placent pas toujours

Tantôt, m’extirpant benoîtement du conclave taurin du «Belvédère de la Chalosse», je me trouvai entrepris par des lecteurs de la «Brega» qui s’étonnaient d’un ton très apaisé, de considérations très extra-taurines, d’une viardite en voie de très guérison, en résumé d’une très baisse de forme et de tonus.
C’est tout juste si l’on ne me prit pas le pouls, si l’on ne me réclama pas un 33 inquisiteur, si l’on ne me somma pas de fournir les résultats de mes dernières analyses d’urine.
Ouaip!

Cela rejoignait certaines interventions qui me reprochaient de ne pas avoir averti ou rendu compte de telle novillada, de tel festival ou de telle conférence.
Reouaip!

Tout à fait conscient de mon imperfection -ce qui devrait dissuader certains esprits particulièrement bienveillants de me prodiguer à l’envi conseils et critiques acerbes, dans mon intérêt comme il se doit- je plaiderais volontiers coupable ... si j’en avais le temps.
Que ces grands et bons esprits se rassurent: les reproches qu’ils se croient fondés de m’adresser sans cesse ne sont rien au regard de ceux que je me sers quotidiennement! Ceux qui me connaissent le savent parfaitement.
Au demeurant, j’admire les gens ainsi investis d’un primat, d’une maîtrise et d’une autorité morale qui les autorisent à porter jugements aussi péremptoires.
Ter repetita ouaip (pardon Monsieur L, c'est encore en latin)!

Pénétré de la conviction inébranlable de mes insuffisances, convaincu (en deux mots s’il plait au lecteur) des vertus pédagogiques de la répétition, je ne puis qu’attirer l’attention sur l’exergue de ce blog: «LA BREGA, humeurs taurines et éclectiques».
Je ne ferai à quiconque l’injure d’en commenter les termes, mais juste de rappeler que nonobstant le fait qu'indépendant de toute vassalité, je n’ai rien à vendre, rien à acheter ni aucun compte à rendre, j’y écris ce qui me plait et libre à chacun de lire ou de passer son chemin.

Evidemment cela peut déranger et cela dérange même!
Tu ne peux savoir, ô lecteur, à quel point! Et combien on s’empresse avec les meilleurs arguments du monde, comme de bien entendu, à me contraindre au silence ou pour le moins à une prudente et salvatrice réserve.
Autant l’on admettra que quiconque, du saltimbanque à l’élu de base, s’exprime librement, autant on me reprochera l’identique. Un reproche que je ne vois pas que l’on serve à d’autres qui font bien pire et bien plus outrancier…

Est-il si difficile de distinguer entre le libre propos personnel et le discours officiel de la fonction? A moins bien sûr qu’il ne s’agisse aucunement de la forme, mais bien du fond!
Je n’ai rien d’un imprécateur chronique. Tout au contraire, je goûte l’échange, la contradiction, le débat des idées. Tout cela avec la ferme et permanente conviction de ne pas détenir la vérité, mais de défendre ardemment des points de vue.
Tout le monde ne saurait en dire autant. Car on les connaît, ces tribuns au petit pied qui s’engagent avec les lèvres, souvent sous le couvert de l’anonymat ou du pseudonyme, et se dégagent promptement, avec les meilleurs alibis du monde, quand l’affaire devient chaude.
On les connaît ces philosophes du zinc ou ces dandies du net qui s’enhardissent d’autant plus qu’ils avancent à couvert et/ou qu’ils ne risquent rien.
Le Tartarin tauromachique yakafautquonnesque est une espèce qui pullule tout en étant protégée, comme son cousin sélectionneur anonyme et omniscient pour l’équipe de France, le vilipendeur de politiques pourris ou le pourfendeur professionnel de privilèges. Comme d’ailleurs le sous-genre des cartelofacteurs, vous savez ces gonzes qui ne voyant qu’une demie douzaine de corridas et novilladas par an se croient autorisés à pontifier sur la question.
Ils en ont de la chance de connaître la panacée et de vivre de certitudes, ces heureux borgnes au royaume des aveugles! Ce n’est sûrement pas mon cas…
Ouaip! Ouaip! Ouaip!

Quand l’oracle grisâtre de l’Observatoire dérapa, je ne fus nullement le dernier à épingler le coléoptère, mais que dire, et pourquoi, lorsqu’il se réfugie désormais dans des discours prudents dont ne surgissent que de maigres éruptions biliaires PPP (pro Partido Popular)? Il a troqué l’affirmation provocatrice contre le discours aficionado convenu, le questionnement orienté, la question qui induit la réponse. Une stratégie qui permet tous les replis, toutes les justifications a posteriori.
Et puis, contrairement à ce que ceux qui prennent leur cas pour un généralité supposent, je ne nourris aucune détestation particulière à l’encontre du Dédé des familles.
Le problème est ailleurs.
Dans un système taurin qui a intégré complètement les règles du libéralisme et méconnaît désormais les valeurs aficionadas qui pouvaient tant soit peu justifier la tauromachie.
Même s’il fut et reste l’un des promoteurs de cette évolution, même s’il en demeure un baromètre, il serait trop commode d'accorder au Grand Observateur tant d’honneur et tant d’indignité.
De cette situation actuelle, nous sommes tous comptables, ne serait-ce que par un silence complice.
Pour preuve, lundi de Pâques à Mugron, un piquero a opéré bassement à dix mètres du toril.
Qui a protesté?
Les beaux esprits étaient soit absents, soit muets. Par contre les «chutistes» ont su s’exprimer, eux!
Xavier KLEIN

2 commentaires:

pedrito a dit…

Justement, tu es, Xavier, nous sommes, toi, moi, et tous les autres, qui nous exprimons, sur nos joujoux, modestement, selon nos humeurs, avec nos imperfections, mais avec détermination, jusqu'à l'entêtement, les artisans du libre propos, cet art qui ne saurait appartenir qu'à une élite, ou à des pros, que nous manions soit pour défendre la corrida, soit des avis ou des convictions que nous pensons justes, honnêtes, respectables, humanistes le plus souvent. Mais ni cons, ni vaincus.
Jamais.

Et tant pis si cela déplait quand nous nous exprimons librement: nous devons continuer, et nous continuerons.

Avec nos mots et notre style, pas besoin de couteau entre les dents.
Salut à todos

el Chulo a dit…

on est toujours le "con" de quelqu'un mon pedrito!
je n'y attache plus la moindre importance!