Humeurs taurines et éclectiques

mardi 31 mai 2011

VIDEOS ANNONCES ORTHEZ 2011

VIDEO NOVILLADA

VIDEO CORRIDA

lundi 30 mai 2011

La roche Tarpéienne est près du Capitole

«Arx tarpeia Capitoli proxima»
(La roche Tarpéienne est près du Capitole)

La roche Tarpéienne était dans la Rome antique, l’endroit d’où l’on précipitait les traîtres, les criminels (mais également les enfants infimes ou déficients) pour les exécuter.
Elle se situait à l’une des extrémités de la colline du Capitole, centre névralgique du pouvoir civil, militaire et surtout religieux de l’Urbs (la «ville»). Le capitole (devenu nom commun), séjour des dieux est l’équivalent de l’acropole grecque. Le mot même de capitole qui vient du latin caput (la tête, le sommet) exprime cette idée de pouvoir suprême.
Entre les deux se trouvait une dépression: l’Asylum (qui a donné asile), une appellation à méditer en ce que la gloire ou la turpitude, la victoire comme la défaite, procèdent de la même folie qui les relie.
Le Capitole, séjour des dieux, côtoie ainsi le lieu de la disgrâce, et nombre de personnages de l’antiquité romaine passèrent de l’un à l’autre, de la grandeur à la déchéance, avec autant de facilité qu’un directeur actuel du F.M.I.
Alors que l'on pérore dans les milieux autorisés, on ferait bien d'entendre la maxime, toujours d'actualité, même à l'heure taurine.
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On l’aura remarqué, j’aime bien les citations.
Elles constituent un signe de la grâce par lequel un auteur trouve la formulation la plus explicite pour résumer une situation, un sentiment, une idée.
Parmi ces citations, je chéris tout particulièrement celles des antiques, parce qu’elles ont traversé les siècles en véhiculant une sagesse ou une acuité qui font souvent défaut à nos âges du paraître.
En ce moment, surtout dans les épisodes où les hommes s’illusionnent de succès éphémères en se persuadant de maîtriser leur destin, cette citation là me vient souvent à l’esprit accompagnée de son corollaire, énoncé par l’athénien Euripide: «Les dieux aveuglent ceux qu’ils veulent perdre

En pleine relecture de «L’histoire de la guerre du Péloponnèse» de Thucydide et du commentaire qui en est fait par l’historien américain Victor Davis Hanson (un inspirateur des néo-conservateurs US), je me confronte à l’actualité brûlante de ces œuvres et de ce thème de l'aveuglement.
Le monde et l’environnement vus par le petit bout de la lorgnette, les délires outrancièrement élogieux, et surtout ce que les grecs nommaient l’HYBRIS (l’excès, la démesure) sont autant à l’ordre du jour qu’ils l’étaient il y a 2400 ans, quand Athènes, la démocratie impériale et Sparte, l’oligarchie totalitaire s’affrontaient.

En matière de tauromachie –on ne doit plus parler de lorgnette mais de loupe ou de microscope!- nous atteignons en ce moment des sommets de couillonnade qui pourraient être comiques si les lendemains ne pouvaient être funestes.
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Non content de se gargariser d’une inscription de la tauromachie sur la liste du patrimoine culturel immatériel français qui n’a strictement aucune portée ni utilité légale –même si la portée symbolique demeure forte- on se réjouit à grands abrazos d’une victoire qui non seulement n’en est pas une, mais fut le fruit d'un lobbying de bas étage, de menées administratives obscures et non d’une véritable démarche politique. Rien de moins glorieux et rien de plus critiquable pour les contempteurs -sur ce point avisés- de ce qu'on peut qualifier de mafia taurine.
Ce triomphalisme fallacieux, loin d’annoncer un progrès, peut constituer le germe de déconvenues futures.
Pourquoi?

C’est un fait que la tauromachie jouit en France d’un statut de TOLERANCE extrêmement précaire, qui pourrait être remis en cause par le revirement soudain de tel ou tel politicien démagogue. On en a vu d’autres…
La conséquence de cette situation s'incarne dans un statu quo fragile qu’il s’agît de perpétuer, et ce en dépit des changements de majorité. Lier son sort à un parti ou à une personnalité, c'est le lier à leur destin, changeant en démocratie.
Toute évolution remet en cause cet équilibre précaire.
Il ne me semble nullement indifférent de considérer que le renouveau du courant «zanti» que l’on connaît depuis les années 90 ait été la conséquence d’une politique de forte expansion taurine marquée par la multiplication des spectacles, par leur visibilité (importante médiatisation), et par l’expansion de leur aire (tentatives de «recoloniser taurinement» le bordelais ou la région toulousaine).
Ce faisant, rompant ce statu quo, on agitait la muleta devant les «zantis» qui eussent pu auparavant rêver paisiblement d'une extinction progressive de ces «barbaries» par dépérissement et mort naturelle.
A qui profitait cette politique d’expansion?
Objectivement, certainement pas à l’afición de verdad qui ne pouvait se satisfaire des spectacles commerciaux grands publics que ce mouvement a généré. C’est donc le mundillo, et qui plus est un mundillo français, qui a piloté un mouvement qui tendait, par une «extension du marché», à servir ses intérêts bien compris.
La crise actuelle compressant le dit marché, on ne plaisante plus dans les états majors taurins. L'heure est au branle-bas et à la mobilisation générale. Touche pas au grisbi!
Tout cela explique également que la «justification» de certains «pro-corridas» soit l’existence des «zantis» et vice-versa.

Personnellement (mais je ne crois pas être le seul), je tiens pour une tauromachie qui se limite et s’inscrive dans l’aire sociétale et culturelle où elle trouve véritablement son sens.
Si la tauromachie porte effectivement un message universel, son expression demeure irrémédiablement liée à un contexte et des problématiques culturelles très locales, ce qu’illustre d’ailleurs parfaitement sa répartition géographique.
Il ne me semble ni utile, ni habile, ni pertinent, d’aller provoquer non seulement les «zantis», mais aussi l’opinion par des rodomontades sans nécessités ni conséquences, telles que le patrimoine culturel.
Il en va de même du triomphalisme qui l’accompagne.

Pour le coup, on n’y va pas avec le dos de la cuillère.
Même la «vieille dame» (la Fédération des Sociétés Taurines) entonne son couplet (http://www.torofstf.com/infos2011/110529manif_anti_patis.html), sans compter le traditionnel communiqué du plénum de l’O.N.C.T. diffusé par l’agence TASS, Tauromachy Agency Special Service (http://www.torofstf.com/infos2011/com_onct_28mai.pdf) qui manie la langue de bois et la désinformation avec l’art consommé qu’on lui connaît.
On en savourera les morcifs de choix:
Une «décision saluée par l’ensemble du monde taurin» (ne l’ayant pas saluée, je dois être exclu de ce «monde taurin», «mundillo» en castillan, si je ne me trompe…).
Une décision prenant en compte de manière «scientifique» (sic!!!) la dimension culturelle de la corrida. Science et culture, quel splendide oxymore!
La fiche d’inventaire (http://www.terrestaurines.com/forum/actus/ficheinventaire.pdf) n’est qu’un long plaidoyer subjectif et bien peu … scientifique.
Un petit coup de pub pour Madame la Présidente de L’U.V.T.F suivi d’un grand coup de cirage de pompes présidentielles (attention aux talonnettes!) précèdent une analyse dont la profondeur abyssale ne peut que stupéfier.
Nos stratèges autoproclamés nous mènent à la bataille sur la base d’un constat d’un optimisme psychédélique.
Y zont dû fumer la moquette à l’O.N.C.T.! Tirer la conclusion que les français ne s’opposent pas à la tauromachie, à partir de l’insignifiance de la manif de quelques excités, c’est s'adonner à l'ecstazy conjecturale.
Il a dû échapper à ces grands esprits que les dits français pour avoir d’autres préoccupations à peine plus prégnantes (les fins de mois, le chômage, la crise, le résultat de l’Eurovision, l’avenir de DSK, etc.) n’approuvaient pas pour autant la tauromachie.
Une faute d’analyse qui peut s’avérer fatale à terme: il n’est jamais bon de minimiser le péril et le risque (comme de le surévaluer d’ailleurs !).
Le pompon reste à venir avec des chiffres de fréquentation qui s’apparentent aux statistiques du plan dans l’URSS des années Staline.
La supercherie qui consiste à confondre les entrées avec les aficionados, en ignorant que pour une grande partie, par le jeu des abonos, la même personne assiste à plusieurs spectacles rend la ficelle un tantinet mahousse et déconsidère le discours auprès de tout lecteur averti.
Mais peut-être que les avertis (qui en valent deux) importent moins à l’ONCT que les gogos qui gobent tout avec jubilation.
Et de conclure le syllogisme faux sur la conclusion extraordinaire que les français ne s’étant pas ralliés aux «zantis» sont de fervents supporters de la tauromachie qui s’ignorent.
Du grand art vous dis-je!
***
Ces clochemerlades pourraient prêter à sourire si par ailleurs on ne se préoccupait d’élever des statues dédicacées «au grand homme, la tauromachie reconnaissante».
Décidément le lustrage pompassier sévit.
Dans un chef d’œuvre de désinformation et de flagornerie (http://www.sudouest.fr/2011/05/29/viard-le-maitre-es-toros-411696-727.php), auquel l'auteur de chroniques généralement sérieuses ne nous a pas habitué, Christian Seguin tisse un panégyrique du petit gris de l’Observatore Taurino, dans des égarements lyrico-épiques qui laissent pantois.
Sans doute Vieux Bouc(au) aura t-il passionné Monsieur Seguin le faisant devenir chèvre, ou bien bouquine t-il trop Terres Taurines...
Mais où a t-il été chercher tout cela?
On se gondolerait pis qu’à Venise, si le vieil adage «Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose!» ne venait nous titiller l’esprit critique.
Qu’il suffise d’en citer un morceau d’anthologie: «Un solitaire, non carriériste, doué pour l'expression écrite et orale, le rugby, la boxe et la peinture, porté par des visions prémonitoires, qui se donne entier à sa communauté.»! (il a oublié la maîtrise en droit le sot).
Et notre rombier de conclure avec superbe: «Les jalousies qui s'appliquent à sa personne, mondialement respectée, ne peuvent le nier. André Viard est un ensemble irréfutable.».
L’inénarrable devenu irréfutable. Ô putaingue, on progresse!
Il l'aura bien gagné son abonnement gratuit à TT le Seguin, plus un portrait en pied dédicacé de Son Ensemble Irréfutable.

Voilà qui m’en inspire une dernière pour la route: «Sic transit gloriam».
Xavier KLEIN



dimanche 29 mai 2011

ORTHEZ 2011

Nous y sommes enfin!
Après moult péripéties, et une finalisation plus complexe que d'habitude, Orthez publie le cartel définitif de sa journée taurine.
Une élaboration et un résultat qui traduisent la progression, le travail (car c'est un travail) et les débats de la Commission Taurine. Ces derniers reflétant d'ailleurs ceux qui animent la planète toros.
C'est, me semble t-il, tout l'intérêt du travail en Commission, quand celle-ci, comme à Orthez, est organisatrice et souveraine.
On parle toro et tauromachie, on se confronte, on s'anime, on s'engueule, enfin on se fédère autour d'un projet final qui insatisfait et satisfait un peu tout le monde.
C'est cela le vrai consensus, un consensus dynamique qui veut conserver un goût et un sens.
Un consensus en forme de manifeste pour la promotion d'une «certaine idée» de la tauromachie qui, malheureusement, tend à disparaître, convoyée par les lamentations hypocrites des pleureuses appointées.

Le choix d'une ganaderia, et dans celle-ci le choix des toros ou novillos, constitue l'aboutissement d'une démarche entreprise le plus souvent sur plusieurs années.
Ce sont des visites multiples, des heures de conversation, une adhésion à des options, des parcours ganaderos qui nous séduisent. Puis de longs conciliabules, la consultation de la généalogie, des notes des mères, des reatas, de l'avis fondamental du mayoral, des mérites comparés, des caractéristiques physiques, de la conformité au type.
Tout un travail nourri par la passion et le désir d'apprendre, d'en savoir plus, d'effleurer le mystère insondable du toro ... et de ceux qui l'élèvent.

C'est aussi jouir, autant qu'il se peut, de l'esprit si envoutant du campo, des derniers soupirs d'un monde agraire qui se meurt peut-être, ou du moins qui pourrait mourir.
Le toro bravo si puissant et si fragile, à la merci des intérêts électoraux d'un parti aux abois ou du tampon d'un pâle scribouillard bruxellois.
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Dans le présupposé de créativité et d'innovation qui est le nôtre, fallait-il répéter les Dolores?
Après un débat long et argumenté, les «contingences» et un certain principe de réalité, celui des codes réels ou supposés tels du monde ganadero l'ont emporté: si la qualité d'un lot n'est pas gratifiée par sa répétition, quel crédit conserver parmi les éleveurs du créneau tellement réduit que nous avons choisi? Un créneau où l'aficion de verdad et l'honneur prédominent: quand l'on veut faire commerce on ne choisit pas ce type de toros à élever.
Avons-nous, aurons-nous eu tort ou raison? En tous cas le choix s'est opéré avec honnêteté, sincérité et en conscience, après avoir admiré un lot en tous points comparables à celui de l'an passé. Peut-être un peu plus igual et echo.
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Nous pensions depuis longtemps à Aurelio HERNANDO et à ses veraguas, une ganaderia «soeur» des Javier GALLEGO, inédite en France. Si ses ambassadeurs cornus sortent comme les vaches increvables et encastées qui nous ont «espantées» en tienta, on peut tout espérer...
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Et puis il y a les hommes...

Que recherchons-nous? A l'heure où la lidia se réduit au troisième tercio: une corrida complète de trois tercios.
Ce qui suppose beaucoup de choses. Entre autres, un troisième tercio plus condensé sur l'essentiel et le renoncement aux palanquées de passes qui font le quotidien de la toreria actuelle.
A l'heure où l'on choisit surtout les toros en fonction et à partir des toreros, nous choisissons le postulat inverse.
A l'heure où l'on demande au toreros le succès, où l'on espère l'orgie de trophées, l'indulto peut-être, nous leur demandons de mettre le toro en valeur, de réaliser les choses dans les règles de l'art.
A l'heure où l'on voit toujours les mêmes têtes, les mêmes ganaderias, nous voulons solliciter la curiosité, l'exploration, la découverte. Mais également ouvrir à d'autres possibles, rappeler que l'art de Frascuelo, si différent dans son concept, comme dans ses réalisations vaut aussi la peine d'être découvert.
A l'heure où le toro doit «servir», collaborer, présenter un toro qui s'oppose et qui combat.
Ces postulats vont à rebours des tendances et des modes, nous devons en être conscients. Non qu'ils représentent la vérité unique et révélée, mais parce qu'il faut lutter pour que la tauromachie reste diverse.
Lutter avec des actes et non avec de pieuses paroles.
Et lutter, c'est prendre des risques, «avancer la jambe», sans se soucier des coups reçus.
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FRASCUELO, VELASCO et LAMELAS représentent, chacun à leur manière, une illustration de cette réalité d'un toreo sincère et authentique, centré sur la lidia.
Ne cherchez pas, vous ne les trouverez nulle part ailleurs en France, et il eût été dommage de ne pas prêter l'oreille à leur chant rauque et singulier.

Vous ne verrez pas beaucoup non plus ESCRIBANO et RIVERA. Ils ne sont pas (encore) abonnés aux circuits des échanges et des négoces du mundillo, comme nous ne le sommes pas non plus.
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Nous n'avons aucunement la prétention ni d'être les meilleurs, ni d'être les seuls.
Heureusement, il demeure, surtout au nord des Pyrénées, des bastions, des places fortes indomptables où vibre la même fière ambition de résistance, de fidélité acharnée à une éthique. Vic, Parentis, Céret, Alès, Saint Martin, et bien d'autres, nombreux, que la morosité ambiante se refuse à constater.
Nous avons l'unique mais énorme ambition de faire au mieux, selon nos moyens, en suivant une éthique exigeante.
Souhaitez-nous SUERTE, nous en avons besoin!
Xavier KLEIN
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NOVILLADA








 CORRIDA















J'aime bien ce 19 à tête de mauvais garçon pasolinien et ce 38, choreado, isolé de ses frères parce qu'il se battait trop.
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samedi 28 mai 2011

SIGNES DU TORO

Une fois n'est pas coutume, afin d'illustrer les divers articles parus dans la Brega à ce sujet (http://bregaorthez.blogspot.com/2011/03/lodosa-navarra-dimanche-6-mars-14h-y.html, http://bregaorthez.blogspot.com/2011/03/funes-navarra-dimanche-6-mars-11h12.html),  je vous invite à regarder l'émission Signes du Toros sur FR3, le samedi 4 juin à 16h20 (l'émission restera visible sur le site par la suite ).

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mardi 24 mai 2011

Un procès d'intention reste toujours un procès.

«C’est ouvrir une digue qu’entamer un procès; avant qu’il ne s’engage, désiste-toi»
«Ancien Testament, Proverbes XVII, 14»
Je suis toujours étonné de la lecture que d’aucuns peuvent faire de ce que l’on écrit. D'autant plus étonné que les réactions, positives ou négatives, se multiplient.
 
Un étonnement tout à fait relatif en ce qu’avec un peu de vécu, on apprend que NOUS tendons tous à voir ce que NOUS voulons voir, entendre ce que NOUS voulons entendre et lire ce que NOUS voulons lire. Le NOUS en capitale supposant que je m’incluse dans le lot.
Exemple avec mon précédent texte qui s’intitule explicitement «PILORI STORY», dont l’exergue est pourtant on ne peut plus limpide: «Je ne reproche nullement aux amerloques d’être ce qu’ils sont, je leur reproche de nous vouloir comme eux.», dont le développement veut démontrer que:
1°) A travers les âges chaque peuple en situation d’hégémonie veut imposer ses valeurs.
2°) Les USA actuellement dominants font comme les copains et veulent imposer les leurs.
3°) Cette tendance s’illustre en ce moment par une campagne des médias anglo-saxons (et surtout américains) de dénigrement des valeurs et mœurs françaises.
4°) Cette campagne est relayée par des français.
5°) Les américains sont moins fondés que tous autres à donner des leçons de vertu.
6°) L’emprise anglo-saxonne ne s’exerce pas uniquement sur des questions de morale sexuelle, mais sur la morale tout court, notamment sur LEUR définition des rapports hommes/animaux, qui nous concernent au premier chef, celui de la tauromachie. Sans doute certains ont-ils oubliés que PETA, One Voice et consorts sont des produits d’importation US.
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En outre, me gardant bien de me prononcer sur une innocence ou une culpabilité de DSK, pour laquelle je n’ai (pas plus que les autres) aucun élément d’appréciation, je note seulement: «La question n'étant pas de savoir s'il est coupable ou non, mais de se refuser à traiter ainsi un humain de manière dégradante, quoiqu'il ait commis». C’est à dire de me prononcer sur la FORME et non sur le FOND.
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N’étant ni juge, ni juré, Dieu merci, je n’aurai pas à trancher sur une affaire qui me semble tout à fait délicate, parce qu’au bout du compte, ce sera une parole contre l’autre.
En outre, le système américain ne s’appuie pas sur la recherche de la vérité, concept d’ailleurs très problématique, mais sur la capacité à entraîner l’adhésion ou à provoquer le doute, ce qui s’avère substantiellement différent de la culture française.
Quant à s’illusionner sur les vertus d’un système qui, paraissant égalitaire, favorise outrageusement celui qui a les moyens de payer, c’est une autre chanson que je laisse à Eric Colmon, qui aime bien parfois nous jouer les pudeurs outragées, ce qui est assez amusant d’ailleurs.
Grand fou va!
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Je n’ai donc, sincèrement, aucune idée sur la culpabilité ou l’innocence des deux parties et de toutes manières, sur cette question comme sur d’autres (et notamment la tauromachie), j’essaie de faire abstraction de l’EMOTION pour préserver l’exercice de la RAISON.
Je me fous et me contrefous que le dit DSK soit de gauche, de droite ou d’extrême centre, la saloperie n’ayant pas de camp, ni de frontière et restant toujours intolérable.
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Je ne trouve aucune excuse à un viol, surtout sur une personne en situation d’infériorité (physique, sexuelle, sociale, etc.) et surtout par une personne ayant autorité.
Régulièrement ma pratique professionnelle me confronte avec des enfants ayant subi des agressions de ce type, et je suis particulièrement bien placé pour constater la souffrance et surtout les dégâts que telles abominations génèrent.

Si je donnais libre court à ma colère (et à ma sauvagerie), j'adopterais aisément la méthode Abélard pour régler leur compte aux immondes salopards qui, par leurs agissements, font que des mômes ou des adultes, se voient irrémédiablement souillés. J’en connais qui n’ont plus jamais prononcé un mot de leur vie…

Pour autant, je le redis: rien ne justifie d’appliquer la loi du Talion et de compenser une infamie par une autre.

Tout homme, quel qu’il soit, quoi qu’il ait commis, conserve pour moi un droit imprescriptible à la dignité, même et surtout s’il n’a aucune conscience du sens de ce mot.

C’est cela l'âme de ce texte.
C'est cela toute la différence entre la civilisation et la barbarie, entre la justice et la vengeance, entre une société qui se protège légitimement et une société qui prétend châtier.

La justice américaine ne me paraît aucunement exemplaire. C'est simplement un système différent, adapté à la culture du pays, avec ses avantages et ses inconvénients.
Un système qu'il ne me viendrait pas à l'idée de critiquer, si on ne s'employait à nous le présenter comme un modèle exemplaire et si la campagne des tabloïds américains n'était pas si virulente (comme elle le fut avec l'affaire irakienne).

On reconnaît une société à la manière dont elle traite ses détenus.

De ce point de vue, ni la France, ni les USA n’ont de leçons à donner à quiconque… ni à recevoir d’ailleurs. La tendance actuelle à systématiquement proposer des modèles à suivre (économiques ou autres) est parfaitement stupide et découplée de la complexité des situations.
Chacun serait mieux avisé de balayer devant sa porte.
***
Pour conclure, je ne vois aucun inconvénient majeur à subir la critique. Encore faut-il qu’elle soit fondée sur le fond et la réalité de mes propos.

J’attends encore qu’on m’indique où et quand j’aurais traîné Eric Woerth dans la boue, où est quand j'aurais fait de DSK mon champion, où et quand je lui aurais trouvé des circonstances atténuantes.

Cela s’appelle un procès d’intention, non?
S’il n’y avait que celui-là!
Xavier KLEIN

NOTA: Quant à craindre que le «Tous pourris!» profite au FN, rappelons aux ignorants et aux distraits qu'en matière de cul, le révérend père Jean-Marie n’était nullement un perdreau de l’année, et jouissait (avec l’âge les raideurs se déplacent) de la même réputation que Dominique, nique, nique.
Son ex-épouse avait été tout à fait explicite sur le sujet, notamment lors de son interview très dénudée de Playboy où elle figurait, ô hasard troublant! en soubrette lubrique. Le Pen is, comme on dit aux States!
Pierrette Le Pen fait le ménage au FN (Playboy juillet 1987)
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vendredi 20 mai 2011

PILORI STORY

 Je ne reproche nullement aux amerloques d’être ce qu’ils sont, je leur reproche de nous vouloir comme eux.

Et ce que je dis des américains pourrait parfaitement s’adapter à bien d’autres, ainsi qu’évidemment à ces nombreux français qui se permettent de porter des jugements yakamaniaques sur les mœurs ou la façon de penser des autres.
Fervent défenseur de la laïcité, une solution française à une problématique historique et culturelle française, je me suis toujours étonné de la présomption de ceux qui, y voyant une valeur universelle -ce qu’elle n’est pas- s’indignent que les autres peuples n’en partagent pas la nécessité.

Par le passé depuis le XVIIIème siècle, en tant que puissance dominante, y compris par le biais de la colonisation, la France a imposé ses valeurs, se persuadant que convenant à sa culture, elle ne pouvaient que convenir à celles des autres: la fameuse «mission civilisatrice» qui donna bonne conscience à la IIIème République.
Si le XVIème fut espagnol, le XVIIème et le XVIIIème français et le XIXème anglais, le XXème fut incontestablement américain. Il n’y a aucune raison de s’étonner que l’impérialisme économique et militaire américain ne fut pas accompagné, comme pour les copains précédents, d’un impérialisme culturel.
Nous en voyons les effets, vertus et vices, dans la prédominance de l’apport US, que ce soit en musique, cinéma, littérature, architecture, vêtements, mais également gastronomie (si le hamburger peut être qualifié ainsi), et surtout règles économiques (libéralisme), légales, morales, etc.
Si l’on peut rester profondément «français» tout en appréciant de porter des jeans, en aimant les films de Clint Eastwood, la musique de Bob Dylan ou les œuvres de Jack Kerouac ou de Jackson Pollock, l’appropriation de ce qui constitue le cœur de l’intimité culturelle, la racine de la représentation du monde reste profondément insensible à l’influence américaine.

De même que nous avons eu du mal à avaler cette pilule lorsque nous étions en situation de prédominance et que le sauvage et le barbare était celui qui se refusait à nos valeurs, il en va de même pour nos frères humains d’outre atlantique dont la presse se déchaîne actuellement contre ces cochons et libertins de frenchies qui se vautrent dans le stupre et le lucre.
Je suis scandalisé par l'entreprise actuelle de culpabilisation des medias US qui se mobilisent pour dénoncer cette coupure très latine entre ce qui relève de la vie privée et ce qui procède de la morale publique, césure qui n’existe pas au yankeeland.

Une indignation très sélective. D’évidence, aux States, il est bien pire de violer une soubrette que de mentir pour envahir l’Irak (et provoquer des milliers de morts) ou bien de magouiller en bourse pour niquer l’économie mondiale.
Question de point de vue…
Pipes et cigarettes sont interdites au pays de la prohibition, ils ont vraiment un problème avec l'oralité ces mecs.
Par contre, question substituts phalliques, tromblons et gros calibres, là, en voiture Simone!

Je suis encore plus scandalisé qu’une cinquième colonne française s’en fasse l’écho et appelle, en cette matière comme dans d’autres, à américaniser nos mœurs.
Les français se foutent comme d'une guigne de ce qui se passe dans l'alcove de leurs dirigeants, mais se réjouissent friponnement de leur épanouissement sexuel: et alors?
Les français pardonnent les mensonges de leurs politiques parce qu'ils n'ont pas la naïveté de croire qu'il puisse en être autrement: et alors?
Les français préfèrent des politiques talentueux plutôt que vertueux, des Talleyrand plutôt que des Jimmy Carter: et alors?
Fuck off, comme ils disent les ricains! Fuck off!
***
En fait, en la matière il me semble que l’on navigue entre deux pôles opposés.
Ou bien on accepte tout ou partie de la critique et du regard de l’autre et l’on se dirige vers une pensée et un paradigme mondialisés et standardisés (sur la base de la culture dominante bien sûr). On se métisse certes, mais à condition que le produit reste blond avec les yeux bleus.
Ou bien on envoie paître et l’on cultive son jardin culturel et son «génie» national en prenant le risque de l’autisme ou du ghetto.
A mon sens si toute attitude extrême est généralement préjudiciable il n’en demeure pas moins qu’il est difficile, voire impossible, de ne pas être extrême sur cette question, l'introduction d'un doigt dans l’engrenage pouvant y entraîner tout le bras.
Cette alternative brutale pousse aux excès les plus débridés, à un anti-américanisme général (dont les ricains n’arrivent pas à appréhender les causes pourtant limpides) et à des réactions benladeniques par répulsion pour le modèle imposé.

Voir un PRESUME innocent (mais aux States on est présumé coupable…), quel qu’il soit, puissant ou misérable, délibérément menotté, exhibé, humilié, pilorisé, voir son intimité dévoilée dans ses moindres détails, avant même d’en avoir jugé sur la réalité des faits m’est insupportable.
La question n'étant pas de savoir s'il est coupable ou non, mais de se refuser à traîter ainsi un humain de manière dégradante, quoiqu'il ait commis.

Evidemment les esprits chagrins pourraient constater combien l'exigeance morale peut être élastique au Bushland, un mois après que cette contrée, la plus judiciarisée et la plus procédurière du monde, ait dépéché Ben Laden ad patres sans autre forme de procès.
On pourrait pourtant dégainer les gros mots et les sujets qui fachent en évoquant les paradis des Droits de l'Homme tels que Guantanamo ou Abu Grahib ou mieux la différence de traitement entre Palestiniens et Israéliens.
L’application de cette morale puritaine, sous tendue par le concept évangéliste de prédestination (il y a les «élus» et les «damnés») d'imposer avec jouissance un préambule aux tourments de l’enfer au pécheur m’est absolument insoutenable.

Comme dans ce Deep South où lyncher un nègre ou s'acommoder au quotidien d'un SDF (évidemment black ou latino) sur son trottoir a toujours infiniment moins scandalisé qu’une fellation ou pire, horreur, la sodomie.
Tennessee Williams est toujours d’actualité.
***
Ah ils jubilent les ricains! Ils avaient loupé Polanski et ne s’en étaient jamais remis. Désormais ils l’ont leur frenchie obsédé et débauché qui va payer pour les autres au pays de la dénonciation permanente du harcèlement sexuel (mais nullement du harcèlement social).
Et du super, de l’extra, avec la gueule de l’emploi, l’air salace, éventuellement perfectionné par 30 heures de garde-à-vue ou le choix des photos les plus expressives.
C’est la curée, l’hallali, le haro sur le baudet (en France, c'était sur le Baudis).
En plus, avec un gonze qui s’était employé à tempérer, un peu, l’extrême rigueur libérale du FMI. Un peu juif sur les bords (donc libidineux) pour ces bien-pensants W.A.S.P. (White, Anglo-Saxon and Protestant). Tout un symbole! DSK Satan l'habite, pour sûr!
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Le monde anglo-saxon en général et les amerloques en particulier prétendent nous donner des leçons et leur presse se déchaîne, relayée par les habituels affidés.
On ne parlerait que cul, on pourrait en rire, et à la limite leur montrer le nôtre, en guise de réponse.
Le problème c’est que l'enjeu va bien au delà et que ces injonctions moralisatrices se généralisent dans tous les aspects de notre quotidien.
On veut nous ricainiser.
C’est bien le fond du problème avec cette vision des rapports homme/animal qui nous envahit sans que nous n’y ayons pris garde.
La «pet society» (société de l’animal de compagnie) importée après guerre, qui faisait rire en Gaule en attendant que comme chez les civilisés ricains, on y érige aussi des mausolées à son matou, ou on y lègue ses biens à son médor (comme le voudrait la taulière du Negresco).
Là bas, à Bervely Hills, on finance à prix d’or la psychanalyse des cabots, les musicothérapies pour gorets apprivoisés, voire même on consulte des astrologues pour connaître l'avenir de Pomponnette.

Honte! Honte définitive et absolue!
Et ces gens prétendent nous donner des leçons!
Et leurs succursales bestialistes, comme dans un autre créneau l’Eglise de Scientologie, les mormons ou les Témoins de Jéhovah font action de lobbying forcené pour se développer sur le marché européen.

Assez de tout ce fourbi, on se retient de gueuler de nouveau: «Yankees go homme»!
Gardez votre Mickey ou votre Donald asexués et «propres sur lui», nous préférons montrer à nos enfants que les toros ont des couilles.
Cada uno en su sitio…
Xavier KLEIN

PS: Et si en représailles on en chopait un lors d'un voyage. Georges W, par exemple, qu'on jugerait pour crime économique au 3ème degré, bellicisme au deuxième degré, ou intelligence avec le complexe militaro-pétrolo-industriel au 1er degré. On pourrait te lui coller 15 jours de TIG comme assistant sexuel.
Marrant non?

lundi 16 mai 2011

CHULO, le retour

Après un intermède hivernal, avec la nouvelle sève, nous revient Maître Chulo, remonté comme une montgolfière.
http://adioschulo.blogspot.com/
Chulo, ses colères, ses indignations, et surtout une sensibilité à fleur de peau, une générosité de sentiments qui rompent tellement avec le cynisme, le réalisme et le conformisme ambiants.

On le sait, l’idéalisme, ou plus simplement la fidélité à une éthique font mauvais genre de nos jours. Pedrito (et son blog http://puraficion.blogspot.com/), comme Chulo, ou même votre serviteur sont à l’occasion brocardés, ringardisés voire ridiculisés.

Qu’importe! A l’âge des retournements de veste et de la glorification des revers de soie que l’opération dévoile, il me semble rassurant –quoiqu’on pense du contenu- de trouver encore des esprits libres qui ne veulent pas renoncer à leurs rêves et à leurs espérances, fussent-ils utopiques.

«Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis.» rétorquera l’abruti médian, dont la philosophie se glorifie d’un prétendu bon sens populaire. Evidemment le fait d’en changer sans cesse, limite considérablement le risque de se tromper… Chacun vise les succès qu’il peut!

Personnellement, nonobstant les différences de point de vue, j’ai toujours eu une tendresse pour les vieux anars ou les vieux cocos qui ne démordent pas de leurs engagements de jeunesse.
La fidélité me touche, la générosité de l’âme m’émeut, même si elles deviennent de plus en plus incompatibles avec la règle du jeu individualiste de notre société libérale mondialisée.

Je préfèrerai toujours les grands sentiments aux bons sentiments.
Resuerte, Don Chulo!
Xavier KLEIN
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