Humeurs taurines et éclectiques

mardi 30 mars 2010

ET MAINTENANT?............QUE VAIS JE FAIRE?

Le questionnement c’est le début de la sagesse et sans doute c’est par la sagesse qu’il eût fallu commencer.
La première des sagesses est de commencer à distinguer l’effet (ou les effets) de la (les) cause(s).
La seconde sagesse est de disposer d’éléments objectifs.
La troisième est d’opérer une analyse également objective (et donc débarrassée de toute idéologie ou présupposés affectifs).
La quatrième est de poser une problématique.
La cinquième est de déterminer une stratégie réaliste, adaptée et opérationnelle.
La sixième est d’avoir la volonté et le courage de la mettre en œuvre.
La septième est de l’évaluer et de corriger le tir.
Et le huitième jour Dieu se reposa.

Tout cela a t-il été à un seul moment mis en œuvre dans le monde taurin?
Nullement. On a préféré stigmatiser l’un ou l’autre, et défendre férocement son pré carré.

Pourtant les outils de cette démarche existent, il n’est que de les mettre en œuvre.
Cela représente bien entendu un coût.
Mais à ne pas vouloir le consentir on risque de payer une note infiniment plus salée.
Logique libérale: chacun pour soi, en espérant qu’EVENTUELLEMENT, cela bénéficiera à tous. Un pari risqué et le plus souvent perdu.

Il est tout à fait évident que je suis un con.
Peut être aussi ceux qui me lisent, on ne sait jamais avec la contagion!
Mais la perfection n’étant nullement de ce monde, même un con peut avoir raison. Auquel cas, on a alors avantage à l’entendre: c’est ce que l’on appelle stupidement la démocratie, un régime certes bien pitoyable, mais qui conserve tout de même quelques menus avantages.

En 1979, alors en quête d’un sujet pour mon mémoire de maîtrise, j’avais contacté le président de la Commission Taurine de Dax pour lui proposer de réaliser une enquête approfondie sur la composition, les pratiques et les motivations du public de Dax.
Il s’agissait, à partir de 3 échantillons représentatifs (ombre, O/S, soleil) de découper 3 tranches de gâteau de la plaza dacquoise, et de les soumettre à un questionnaire statistique (âge, sexe, origine, résidence, catégorie socio professionnelle, nombre de corridas, goûts taurins, plazas fréquentées, lectures, etc., etc., etc. et même opinions politiques).
La réponse tint en une phrase: «- Je sais déjà!!!». Un savoir aux origines bien mystérieuses et empiriques, malheureusement disparu avec feu l’intéressé.
Inutile de dire que mon idée de con est passée aux oubliettes, avec force commentaires désobligeants et ironiques, et force rires des intellos de la Commission d'alors, que la décence m'interdit d'énumérer.
Pourtant, avec mon flair de con, il me semble qu’une série d’enquêtes similaires, réalisées dans diverses plazas, de tailles diverses, à échéances régulières pouvait constituer un élément de travail intéressant pour pleins d’autres cons: historiens, géographes, économistes, ethnologues, anthropologues, et, accessoirement pour des cons taurins, qu’ils soient organisateurs ou non.
Il en va de même pour d’autres études connes, sur les retombées des corridas et ferias sur les économies locales, ou bien sur la perception par une population donnée du fait taurin.
L’autre idée super-conne celle-là, serait de rêver que des institutions comme l’U.V.T.F. ou pire l’Observatoire de stricte observance puissent s’en charger. Mais il faut vraiment être super-con pour penser que ces braves gens puissent s’emparer d’une idée qu’ils n’ont pas eue, et surtout puissent oublier leur intérêt à court terme afin de financer des opérations comme celles là.
Mais ne vous inquiétez pas, ces idées sont super-connes parce que j’en suis l’auteur. Ressorties dans quelques temps par d’autres, elles deviendront super-intelligentes!

Autre attitude hyper-conne, c’est de chercher à comprendre le pourquoi des choses, en essayant de se dégager de tout présupposé.
Je vais prendre une question hyper-conne au hasard: pourquoi les arènes se vident-elles en Espagne ?
On remarquera d’abord l’incongruité majeure de «en Espagne». Voilà une subtilité archi-hyper-conne.
Partant d’une constatation simple, la différence de pouvoir d’achat entre France et Espagne, je tendrais connement à tracer l’évolution de divers indices (P.I.B./habitant, croissance, etc…).
Etant par culture géographe donc vicelard, j’y adjoindrais d’autres indices (évolution du prix des places de corridas en euros constants, du salaire minimum, du pouvoir d’achat, de l’évolution de l’indice de divers emplois, de l’évolution des coûts d’un lot de toro, du cachet moyen des 10 premières figuras, du convenio des subalternes, etc.).
C’est très con évidemment, mais cela peut être positivement jouissif…
J’aurais alors la conne faiblesse de penser disposer de quelques éléments objectifs.
Il faudrait alors recourir à un con de sociologue pour évaluer l’évolution des représentations culturelles de la mort ou de la souffrance chez nos voisins, choses possible, y compris avec des éléments objectifs.
Il apparaîtrait sans doute un certain nombre de considérations complètement extra-connes, et liées avec une putain de satanée évolution de la société espagnole, passée en 30 ans, d’une dictature à une démocratie, de la pauvreté et du sous équipement à la société de consommation, de l’isolement à l’Europe, etc.
Une Espagne qui n’a pas pu, la conne, rester d’une misère folklorique, avec des salaires de merde, et des apéros à 3 pelos, qu’on (con) allait se biturer à Ibardin ou à Pampelune ou faire son marché à Irun pour nada.
Ah les cons! Etonnez-vous après qu’ils veuillent plus se faire zigouiller pour 3 francs 6 sous. Et ces cons de subalternes: c’est qu’ils ont des exigences syndicales en plus! Ya plus de petit personnel!
Et puis les espingouès, y pouvaient pas se contenter d’aller à la messe le matin, aux arènes l’après-midi et au bordel le soir? Fallait qu’ils donnent dans le rock and roll? L’écologie? Le New Age? L’anti-taurisme? Pire, la démocratie?
Eux aussi ils ont le droit aux chienschiens à sa mémère, aux croquettes miaou-miam, à «nos zamies les bêtes», et à tous ces signes extérieurs de haute civilisation, comme les maisons de retraites où on parque les vieux, et les S.D.F. qui couchent à coté des refuges chauffés de la S.P.A., Zont même le droit au racisme avec les bougnouls qui réussissent à passer les colonnes d'Hercule! Zont même eu le droit d'avoir leur Sarkozy à moustaches avant Mister Z.
Tout fout le camp!
Alors! Pourquoi, ils remplissent plus les arènes, bande de tarés?
Les places trop chères? Que non pas! Un abono tendido sol, c'est rien que le prix d'un mois de R.M.I.! Z'ont qu'à travailler les buses!
Les toros qui tombent? Arguties et billevesées: qu'on les tore pas à bonne hauteur.
La caste qui disparait? La caste? Quezaco? A oui, le potentiel de charge qui se consume pendant la lidia, multiplié par le taux de toréabilité, divisé par le diamètre de la funda et remultiplié par Pi au carré.
L'émotion? Quoi l'art c'est-y pas bouleversifiant, même devant une chèvre?

Tout ce fourbi, c’est ce que des cons comme moi appellent des évolutions sociétales qui appelleraient des adaptations, et des évolutions économiques qui appelleraient des solutions.
Mais il semblerait que plutôt que de chercher dans les pratiques taurines l'origine de nos maux, il vaut mieux s'en remettre à l'Autre, le con, en l'occurrence le "zanti", le malfaisant, le lubrique, ou bien à la rigueur le Klein, le CyR, ou l'atrabilaire, tous ces cons qui divisent l'afission.
Quand j'vois pas bien, mais j'suis con, j'ai connement tendance à commencer par nettoyer mes lunettes, ou bien à la rigueur à prendre rendez-vous "à" l'occuliste.
Les gens intelligents eux SAVENT.
Ils savent que ce sont les autres qui sont flous!
Et puis tiens! J'suis trop con!
Serait-on moins con de savoir con l'est?
Xavier KLEIN

dimanche 28 mars 2010

QUAND LA TAUROMACHIE EST ENVAHIE PAR LA POLITIQUE

Voilà un sujet qu'il est joli!
Voilà un sujet qu'il est tabou!
Voilà une vérité qu'elle est pas bonne à dire!
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Et pourtant, si l'on se retourne avec un peu de lucidité sur l'actualité taurine de ses dernières années, on ne peut que se résoudre à l'amer constat de l'emprise croissante du politique sur la tauromachie.
Cela a certes toujours été.
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Depuis que le monde est monde le politique a toujours instrumentalisé (ou tenté de le faire) le culturel et tout spécialement l'artistique.
Que ce soient les pyramides, instruments du pouvoir pharaonique, le Parthénon, instrument du pouvoir athénien, le Bolchoï, instrument du pouvoir soviétique, Arno Breker ou Leni Riefenstahl, instruments du pouvoir national-socialiste, l'art a toujours été un puissant vecteur de la propagande politique.
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Il en va de même pour le sport. Il n'est que de voir les débats entrainés par les sifflets de la Marseillaise dans les stades, sifflets qui ont été l'un des arguments de l'émergence du débat sur l'identité nationale.
Pourquoi la tauromachie y échapperait-elle?
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Sans entrer dans le débat sûrement passionnant de l'instrumentalisation de la tauromachie par le franquisme, il paraît évident que le politique constitue l'arrière plan du débat actuel en Espagne.
Que ce soit en Catalogne, ou dans la société espagnole, la tauromachie, A TORT OU A RAISON, porte une forte charge politique. Une charge politique, A TORT OU A RAISON, connotée conservatrice.
Est-ce si étonnant?
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Un blog ami éditait récemment les courriers adressés par Dominguin à Franco pour boycotter les toreros mexicains. Toute l'argumentation, toute l'expression de ces écrits s'avéraient fondamentalement politiques.
L'ensemble du mundillo taurin espagnol, depuis les ganaderos jusqu'aux empresas ou aux apoderados, ne se distingue pas particulièrement par des options anarcho-syndicalistes, c'est le moins qu'on puisse dire.
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L'une des constantes des conservateurs et des gens de droite est en général le déni du politique. Le «- Je ne fais pas de politique» ou le «- Il ne faut pas voir la politique partout.» est typiquement un discours de droite, et je ne doute pas que le présent propos ne manquera pas de heurter quelques âmes sensibles qui verront là une raison supplémentaire de me vilipender.
Il n'en demeure pas moins, qu'A TORT OU A RAISON, la perception de la tauromachie par les masses espagnoles est intimement liée au franquisme, et qu'à mon sens, sa désaffection est également liée à un rejet de cette connotation franquiste. Pas seulement, bien sûr, mais fortement sans aucun doute.
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Toute l'organisation de l'activité taurine et toute son évolution actuelle portent la marque de ce mouvement politico-économique qu'est le libéralisme, ou de ce que nous nommons en France l'ultra ou le néo libéralisme.
Tous les instruments et critères d'évaluation de l'activité taurine procèdent désormais du langage économique libéral. On parle marché et taux (de remplissage ou de toréabilité...) quand l'on évaluait jadis une temporada avec d'autres critères uniquement qualitatifs et purement taurins. Tout cela, il faut être aveugle pour ne pas le voir.
Le problème (mais il faudrait dire LES problèmeS), tient à l'inconciliabilité des démarches d'une activité traditionnelle et d'une logique économique moderne et importée.
Pour prendre un exemple, la logique d'un ganadero est une logique terrienne avec des processus de long terme. Celle du marché moderne libéral est la logique d'un rendement maximum à court terme, quelle qu'en soit les conséquences sur le long terme.
Peu importe à nos libéraux de «crever la bête» pourvu que l'on engrange un maximum tant qu'on le peut: après eux le déluge...
Est-il besoin d'expliciter? Les évènements récents de gestion de la crise, et notamment le comportement des banques sont limpides.
La hausse insensée des cachets des figuras, celle non moins suicidaire du prix des places ou des abonos alimentent la déconnexion entre la tauromachie et une assise populaire qui fonde sa légitimité et donc sa survie.
A Madrid les abonos sont achetés par des entreprises pour leurs clients, à Dax, Arles ou Nîmes ils sont vendus à une clientèle exogène qui alimente généreusement l'économie locale.
L'objectif n'est donc plus la tauromachie elle-même mais les profits directs (vente des places) ou indirects (retombées touristiques) générés.
Une posture autrefois annexe tant qu'elle ne remettait pas en cause le contenu, mais devenue aujourd'hui centrale parce que l'impératif économique veut maintenant dicter sa loi à l'exigence taurine.
La programmation et le contenu, et tout le processus de production avec, s'adaptent maintenant à cette exigence d'un public néophyte, passager et déculturé taurinement. Un public uniquement jouisseur qui se contrefout de l'éthique ou de la tradition. De culture populaire, la tauromachie passe à la distraction de masse, un bémol pour nos hommes d'affaires.
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Cela, C'EST DE LA POLITIQUE...
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Comment s'étonner que la population se détourne alors d'une activité qui n'est plus que lucrative, et profite à un lobby qui ne la gère que pour se remplir les poches? Comment s'étonner aussi qu'une partie de l'aficion ne veuille plus cautionner ni cette dérive, ni les arguties qui visent à la justifier?
On peut défendre un rituel qui porte un sens, on ne défendra pas une opération financière dont l'objectif réel est que quelques uns se gavent, en demandant aux copains de les soutenir aux noms des «valeurs taurines».
Nous en sommes pourtant là.
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Il convient également de préciser que la situation ne se pose pas dans les mêmes termes en France. Si en Espagne, le fait tauromachique est identifié, A TORT OU A RAISON, comme l'émanation d'un pouvoir centralisateur, en France la relation est exactement inverse.
C'est au nom des libertés et identités locales que le sud français défend sa culture taurine. Un sud rose, traditionnellement frondeur, de culture «radsoc», surtout dans le sud-ouest où l'organisation des corridas échappe en grande partie aux grands capitaines d'industrie taurine. Une organisation et une conception de la tauromachie qui expliquent grandement que s'y élaborent et s'y cultivent les résistances aux évolutions actuelles. Ce sud là constitue la Terre Promise des puristes espagnols, qu'ils soient aficionados ou ganaderos.
Il est donc étonnant et paradoxal que cette France taurine rebelle, gauloise et cartésienne, consente d'entretenir comme tête de proue, un avocat déclaré et sans complexe de cette évolution vers des logiques politico-économiques.
Car il faut être profondément autiste, ou complètement demeuré pour ne pas discerner que le discours martelé régulièrement par André VIARD est un discours essentiellement politique qui distille en sous-main, sans en avoir l'air, les valeurs du libéralisme le plus débridé.
André VIARD, caudillo de l'Observatoire FAIT DE LA POLITIQUE.
Quand il s'adresse au Sénat espagnol pour y développer ses analyses, il FAIT DE LA POLITIQUE («ce n'est pas au spectacle taurin de s'adapter aux exigences d'un règlement inadapté, mais au règlement d'être conçu en fonction des besoins du spectacle que nous souhaitons produire.»). Comme quand il discute avec le gouvernement français, tout disposé à sacrifier l'entrée des mineurs aux arènes.
Quand il soutient la cause des grandes empresas françaises, il FAIT DE LA POLITIQUE, comme quand il développe un discours néo libéral sur le marché taurin et son inéluctable évolution vers des fonctionnements authentiquement libéraux, dictés par les marchés .
Tout le substrat de son argumentation, tout l'arrière plan de son message, sont imprégnés d'une idéologie souvent malodorante qui flirte avec les courants les plus réactionnaires de l'Espagne franquiste.
Cauteleux, VIARD nous vend sans complexe du "Partido Popular" et de "l'A.B.C." exaltant éditorial après éditorial, les mérites des positions des uns et l'infamie supposée des autres (P.S.E.) taxés de mollesse ou d'indécision.
Traditionnellement en France, la tauromachie est plutôt le lieu de fédération et de rencontre des horizons politiques. On n'y connait pas de toros de droite ou de gauche. Tout au plus la naturelle est-elle plus considérée que le derechazos.
Certes, dans certaines villes, l'orientation taurine se constitue en affaire d'état qui peut influer sur le résultat des élections municipales. Mais dans le fond cela reste anecdotique et même folklorique, et personne de quelque bord qu'il se situe ne souhaite vraiment une confusion des genres.
C'est pourquoi il est choquant et dangereux que le discours de celui qui devrait être le fédérateur maximo introduise des conflits qui ne devraient pas être.
Beaucoup ne supportent plus que l'on nous assène régulièrement, sous couvert de vérités taurines révélées des propos qui ne sont en fait qu'une propagande éhontée pour des thèses POLITIQUES et ECONOMIQUES qu'ils combattent comme citoyens, militants ou élus.
Le journaliste VIARD a parfaitement le droit de les exprimer.
Le président de l'O.N.C.T. devrait se l'interdire parce que nombre de ses mandants ne les partagent pas.
Il est grand temps d'appeler un chat, un chat.
Il est aussi grand temps d'interpeller non seulement l'O.N.C.T. mais aussi les "instances" qui le constituent: CAUTIONNEZ-VOUS DES DISCOURS PARTISANS ET POLITIQUEMENT ENGAGES QUI NE PEUVENT QUE SEMER LA DISCORDE?
C'est une problématique qui ne manquera pas de titiller non seulement les aficionados de base, mais aussi les élus au sein de l'U.V.T.F., nous y veillerons.
La politique ne doit pas devenir un enjeu diviseur de l'aficion française!
Xavier KLEIN

A lire également: http://leciegonaimepaslesgens.blogspot.com/2010/03/le-bel-abel-et-le-cain-caha-fait-rien.html

http://sites.google.com/site/toroaficion/cronicas-de-hoy/10-las-ventas-28-3

http://torear.blogspot.com/2010/03/tras-la-corrida-de-ayer-en-madrid.html

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vendredi 26 mars 2010

ORTHEZ 2010

Juste un petit mot d'information sur le cartel d'Orthez de la journée taurine du 25 juillet.
Combattront et mettront à mort les toros de Dolores AGUIRRE:

Julien MILETTO
Ivan FANDIÑO
Alberto LAMELAS

Un savant mélange d'impératifs divers et variés en réponse à des attentes diverses et variées d'un public divers et varié. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'on ne sera pas dans le "toreo moderne" mais plutôt dans les fondements même de la corrida-combat.

Deux choix prépondérants:

1°) Conserver des tarifs populaires (les moins chers de France), ce qui entraîne des contraintes budgétaires.
2°) Retenir des toreros qui auront quelque chose à dire, et le désir de le dire.

Evidemment tout choix est critiquable...

Le cartel de la novillada n'est pas encore retenu.
Xavier KLEIN

mercredi 24 mars 2010

CAMPOS y RUEDOS, LE livre

On les connait les godelureaux de CyR!
Je dis godelureaux mais ce pourrait être, au choix, talibans, ayatollahs, ou même dernièrement atrabilaires.
Sûr qu'ils assumeraient les chenapans!
Ou bien, pourquoi pas les re-caïns?
Mais c'est bien sûr, les recaïns.
Une joyeuse meute d'impudents recaïns qui croquent sans vergogne, avec santé et bonne humeur, d'un bel et solide appétit, la vie et ses beautés.
Une meute donquichotesque qui traque et chasse inlassablement les éternels moulins à vents de la bêtise, de la veulerie ou de la fatuité.
Un cénacle d'esthètes et de pataphysiciens sans prétentions, qui ne se bouffissent pas d'orgueil, ne se la «pètent pas» comme tant d'autres, ne prétendent à rien, ne réclament rien pour eux-mêmes, ne callejonnent pas et refusent les compromissions.
Le must de l'insupportable.
La jeunesse quoi!
Une jeunesse telle qu'elle dérange et insupporte tant de cons (vieux ou moins vieux) par son impertinence, ses rêves et une éthique intransigeante qui n'est certes plus de mise mais demeure éternelle.
A force de facéties, ils ont fini par commettre l'irréparable: un livre, LE livre.
Un livre qui leur ressemble, fin, racé et élégant.
Un livre pour mémoire, qui rappellera plus tard que 2010 n'était pas seulement le temps des jeanfoutres et des paltoquets taurins, mais que s'y conservaient encore le vrai bon goût et les embruns iodés de la liberté de penser, de rêver et de créer.
LE LIVRE... Un IN-DIS-PEN-SA-BLE à se procurer d'urgence avant épuisement des munitions.
Livrez-vous!
Xavier KLEIN

samedi 20 mars 2010

JE SUIS UN FILS DE CAÏN

Détail de "Bull Shares" d'Alec Parker

C'est Carême.

Pour les catholiques, un temps de remise en cause, d'examen de soi, de recentrage sur l'essentiel.

J'avais pourtant pris de bonnes résolutions...

Prendre de la distance ou mieux de la hauteur, se soustraire au ressentiment, retrouver le sourire et l'humour face aux turpitudes, passer outre, renouer non pas avec ce mot si creux qu'est le bonheur, mais simplement avec la joie...
On se fait à l'idée que la bêtise et l'outrance sont sans limites, la connerie insondable, l'ignominie omniprésente, et qu'après tout, il en a toujours été ainsi, et qu'il vaut mieux s'en accommoder.
De bonnes résolutions quoi! On re-solutionne, on se résout à...
Si personne ou presque ne jeûne plus, l'abstinence est carré(me)ment devenue un mot abscons.
On ne s'abstient surtout pas de descendre encore d'un cran dans la couillonnade.
On pensait avoir touché le fond. Mais non! Les «cousteau» du crétinisme ambiant franchissent toujours des records de profondeur abyssaux.
Passe encore qu'ils ajoutent à leur polyvalence (toreros, boxeurs, universitaires, journalistes, observateurs, présidents) un brevet autodécerné de théologie, en évoquant à contre-sens Caïn et Abel (http://www.terrestaurines.com/forum/actus/01-03-10/11-03-102.php), on est toujours dans le comique troupier. Mais leur désir forcené d'exister les pousse à des extrémités qui laissent pantois ou rêveurs selon que l'on est optimiste ou poète.
La dernier record en date du Guinness de l'imbécilité taurine se niche dans un de ces éditoriaux (http://www.terrestaurines.com/forum/actus/01-03-10/20-03-102.php) aussi vides de sens que remplis de mots creux qui prétendent en dix lignes préciser par touches impressionnistes les canons de la nouvelle tauromachie (LES ALÉAS DU PROGRÉS).
Fini le vieux langage! Terminées les subtiles définitions qui alimentaient les débats hivernaux des aficionado! Mortes les imprécisions! On ne cause plus qu'en termes libéralo-économico-taurins.
Au terme d'une longue et douloureuse gestation, on parlera «client», «marché» et surtout «TAUX DE TOREABILITE»
Il fallait oser!
Mais tant qu'à se vautrer dans le ridicule, autant y aller de bon coeur, deuxième couche: «[...] le plus important pour la qualité du spectacle est que le toro bouge et qu'il ne tombe pas. Pour cela, il est recommandé qu'il n'humilie pas trop, chacun sachant bien que tête en bas le toro dure moins et est plus fragile. D'où la recherche particulière dans laquelle Alvaro Nunnez s'est lancé, laquelle a pour objet de produire un toro qui embiste à mi hauteur. Le taux impressionnant de réussite de ses camadas semble lui donner raison [...]»
Troisième salve: «Cette limite, entre le "correctement toréable" et l'âpreté, Nuñez del Cuvillo l'a franchie hier dans plusieurs de ses toros, le cinquième surtout, auquel Sébastien Castella a fait front avec panache, chacun dans l'arène ayant compris que quelque chose se passait. Ce quelque chose était évident au regard du danger palpable contenu dans chacune des embestidas dont l'imprévisibilité rendait la faena improbable.» Après le politiquement correct, le «correctement toréable»
Bouquet final: «S'il avait correctement tué, Castella aurait coupé les deux oreilles de ce TORO INCOMMODE» et de revenir aux statistiques: «Mais la question qui se pose est de savoir quel pourcentage de toros semblables à celui-ci les figuras vont-elles tolérer dans les camadas de Nuñez del Cuvillo avant de s'en détourner?». Question lancinante en effet.
Pas un mot de condamnation ou même d'étonnement! Pas la plus petite indignation devant ce faire part de décès de l'âme même de la tauromachie!
Le toro moderne doit être COMMODE, CORRECTEMENT TOREABLE, NE PAS HUMILIER pour DURER, et surtout avoir un fort TAUX DE TOREABILITE.
Comme dit la publicité: «Décidément nous n'avons pas les mêmes valeurs...»
Don Joël Bartolotti l'Atrabilaire, Grand Maître des dernières valeurs du Temple, protecteur des lieux saints (Vic, Céret, Bilbao, Pampelune), doit se retourner dans sa cote de maille et affuter un glaive vengeur pour témoigner encore, dans un de ces combats sans issues, de l'honneur de la «chevalerie taurine».
Le jour où les derniers moines-guerriers épris d'idéal comme lui, auront péri sur les buchers des vanités entretenus par l'inquisiteur de Vieux Boucau, on se mettra à chercher leur trésor.
Ce ne sera ni un Graal, ni de l'or, ni de l'argent, ni quelque pierre philosophale.
Ce trésor à jamais disparu sera tout simplement ce qu'on appelle, encore pour peu de temps certes au train où vont les choses, UN TORO DE COMBAT.
Les temps héroïques s'achèvent, voici venu le temps des épiciers.

Xavier KLEIN

lundi 8 mars 2010

La stratégie des effets de manche

Ca ne s’invente pas. Déroute viardaque à Magescq.
Le pourfendeur d’atrabilaires (
http://www.terrestaurines.com/forum/actus/01-03-10/06-03-102.php), la voix du monde taurin français, le génie des pâturages, en un mot «l’inénarrable» a subi à Magescq l’une de ces déconvenues qui devrait le porter à plus de modestie, et à opérer un prudent repli stratégique vers un trou de souris.
J’adore ces gens qui poussent les autres à la guerre mais se gardent bien d’aller se confronter à la poudre, à la boue et au sang des tranchées, et quand ils s’y retrouvent d’aventure, se «chient dans les gueilles» ni plus ni moins que les copains.
L’homme qui parle à l’oreille des sénateurs espagnols, qui interpelle les cabinets ministériels, qui conseille les renseignements généraux et les cellules anti-terroristes s’est trouvé bien dépourvu quand la bise fut venue.
On eût pu supposer que le «grandiose», au vu de ses déclarations tonitruantes et des leçons ou préconisations qu’il ne cesse d’asséner de ci de là, n’aurait fait qu’une seule bouchée, à quelques lieues de son fief boucalais, de dix malheureuses rombières, venues manifester leur insatisfaction glandulo-anti-taurine à l’occasion de la journée taurine de Magescq.
Que nenni!
Et bien sûr, ce n’est nullement de sa faute. Une maréchaussée improbable, un maire indécis, tout le monde se serait ligué pour faire échouer les saintes objurgations de Son Altesse. Tous coupables…sauf lui! Même pas cap d’empêcher la prise de photos à l’arrastre, le boxeur-juriste!
Que vont penser nos amis espagnols, surtout les sénateurs?
Quand même! Lui qui tutoie les sommets aurait pu user de ses amitiés intimes sinon particulières avec la gent préfectorale ou procuratorale pour mettre un terme à la chienlit.
Il y a loin de la coupe aux lèvres, et si la stratégie est comme l’affirmait Napoléon «un art simple et tout d’exécution», on ne peut que se tordre de rire de voir le napoléon des ruedos mis ainsi en déroute dans une escarmouche de village. Et de remettre une couche de franche marrade de l’entendre ainsi se dédouaner sur les copains.
Un vrai «chef», tel qu’il se targue d'en être, assume, lui.
Xavier KLEIN
PS: Monsieur VIARD est prié de se calmer, on aimerait parler d’autre chose que de l’exposé quasi quotidien de ses frasques et avanies (et framboise).
http://www.terrestaurines.com éditorial du 8/03/2010 : «Le couac de la maréchaussée»
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Solution technique ou solution finale?

Dans un article du 6 mars 2010 (La solution technique, http://echoducallejon.com/article.php?id=5626), Erick COLMONT évoque un certain nombre d’innovations qui lui paraîtraient utiles à une adaptation de la corrida.
Cette intervention, et surtout les réactions qu’elle a provoquées méritent à mon sens plusieurs commentaires. C'est parce que je m'en suis parfois pris à Erick COLEMONT, que je peux me permettre de le défendre dans sa liberté d'expression.
Il va sans dire, et c’est un euphémisme, que je n’ai pas toujours été d’accord avec Erick COLMONT, tant sur le fond, que surtout sur la forme. Ses violentes attaques passées contre les «zantis», et la stigmatisation d’une partie de l’aficion, «toriste» ou «puriste» pour ne pas la nommer m'ont souvent parues limites. Pour autant, il me semble également qu’une évolution vers plus de sérénité et de recul s’est faite jour depuis plusieurs mois. Et on ne voit plus surgir dans l’Echo du Callejon, les noms d’oiseaux ("talibans", "ayatollahs", etc.) et les jugements sommaires qui faisaient son quotidien. Il me semble aussi que d’être ainsi capable de ne pas persister dans l’erreur, et de reconsidérer ses positions passées en les amendant et en prenant plus de distance est plutôt un signe d’intelligence, dont d’autres se montrent bien incapables.
Ceci dit, Erick COLMONT exprime un type de sensibilité taurine, que je ne partage certes pas, mais qui pour autant demeure parfaitement respectable EN SOI. L’un de mes engagements en matière taurine est que TOUTES LES OPINIONS puissent s’exprimer, être respectées et être entendues, ce qui n’est pas le cas avec certaines instances qui s’arrogent le droit de juger de ce qui est valide ou pertinent, et qui prétendent parler au nom de tous. Ce droit élémentaire inclut également Erick COLMONT, qui a la licence d’apporter au débat sa propre appréciation, même si l’on ne partage nullement ses analyses et ses conclusions.
L’une des critiques portées par beaucoup à l’encontre d’Erick COLMONT est de vivre de sa petite industrie. Faut-il s’en émouvoir et pousser des cris de vierges effarouchées? A mon sens nullement, à partir du moment où les choses restent claires et affichées et où Monsieur COLMONT, contrairement à d’autres, ne confond pas son entreprise somme toute artisanale, avec des responsabilités qui appelleraient un devoir de réserve.
Nous connaissons tous la multitude de ces petits métiers, de ces viatiques qui tournent autour de la corrida et des arènes: vendeurs de livres, d’affiches, de bimbeloterie, de panamas, d’uniformes taurins (blancs, rouges ou noirs, revendeurs), etc... Pour ma part, même si pour certains, cela prête à sourire ou à râler, cela représente aussi tout un monde bariolé d’humanité en mouvement qui m’intéresse et fait aussi partie de la fiesta brava. Les marchands du temple ont aussi leurs charmes et qui peut prétendre ici n’y avoir jamais succombé, qui pour l’achat d’une place, qui d’une revue, qui d’un capote? Erick COLMONT n’est ni le premier, ni ne sera le dernier, par passion de la chose taurine, à succomber à la tentation de joindre l’utile à l’agréable. Cela n’a rien d’infamant en soi et l’on en connaît d’autres plus scandaleux.
Il est bien plus commode de vilipender que d’argumenter. Venons en au «corps du délit».

En dehors d’un historique contestable de la pique («la Corrida n'a pu perdurer qu'avec l'invention du caparaçon…») et de considérations erronées («Les intégristes de l'époque avec à leur tête Ernest Hemingway») pour ce que le cher Ernest n’était nullement un «intégriste» (à moins que le terme ne qualifie ceux qui recherchent l’intégrité) avec des mentors tels que Dominguin ou Ordoñez (on fait mieux comme intégristes); la principale objection que l’on peut formuler à cet article est de se fonder sur des constats inexacts et donc de parvenir à des solutions sans objets.
Les nombreux démêlés que l’Echo a entretenus avec les «zantis» portent Erick COLMONT à surestimer l’impact et l’importance de ceux-ci (en France) et à revenir, sans s’en rendre compte, dans le fond de commerce de ceux qui mobilisent vers l’ennemi extérieur pour mieux camoufler et passer sous silence les problèmes internes.
Redisons le encore, les «zantis» militants demeurent, comme ils l’ont toujours été, une poignée d’activistes qui ne peuvent que bénéficier de l’écho et de l’importance qu’on leur accorde. Qu’ils fassent tapage ne fait aucun doute, mais il faut raison garder et surtout ne pas leur tendre les verges pour se faire battre. Il y a donc lieu d’être vigilant (prendre des arrêtés par exemple) mais surtout de ne pas céder à la psychose que d’aucuns entretiennent pour justifier de leur utilité.
Il y a également lieu de ne pas promouvoir en sous-main une politique d’expansion commerciale à laquelle ils ne peuvent que réagir. Et c’est là qu’est le problème. La «corrida moderne» dont certains se font les propagandistes a besoin de se développer vers d’autres espaces et d’autres publics. Las Vegas, la Chine, mais aussi les zones à reconquérir (métropoles régionales de Bordeaux ou de Toulouse) où la corrida n’a pu ou su se maintenir. Nouveaux publics forcément néophytes pour lesquels il conviendrait d’adapter le «spectacle», en l’adoucissant pour mieux pouvoir les attirer.
On n’est plus là dans l’aficion, qui ne représente plus qu’un frêle cache-sexe et un alibi, mais dans la fabrication d’un produit standardisé pour la consommation de masse. Quand la plupart des gentils suiveurs qui s’offusquent avec indignation de ces «débats stériles» qui divisent le monde taurin prendront conscience de la situation, il sera trop tard, et la mutation sera devenue irrémédiable.
Tout cela est comme l’endettement public, on ne s’en alarme que quand la douloureuse tombe, et qu’il s’agît de rembourser, et pour ce, de se serrer la ceinture.
La problématique des pinchazos que pose Erick COLMONT est donc une réponse à un problème qui ne se pose pas vraiment ou du moins, pas dans les termes qu’il croit.
D’une part parce qu’il réagit à une demande qui n’existe pas vraiment dans le monde des aficionados de verdad, qui se contrefoutent du nombre de pinchazos, tant qu’ils sont portés en vérité. Pour un aficionado digne de ce nom, dix coups de puntillas (suerte indépendante de la faena et de l’estocade) n’influent en rien sur le mérite du torero. C’est pour le grand public que cela influe, et c’est là tout le problème!
La solution colemontienne aboutirait à encourager le baronazo efficace au détriment de la suerte exécutée dans les règles de l’art. Ce qui importerait alors serait un résultat rapide et efficace au détriment de la beauté, de l’honnêteté et de la vérité de la «suerte de verdad». Ainsi, une faena anthologique, suivie d’un recibir «pinché» ne serait plus récompensée…
Ne parlons pas de la puntilla «technologique», car le fond du problème ne se pose nullement dans ces termes, mais dans ceux énoncés plus haut d’un public néophyte qui ne supporte plus l’essence même de la corrida qui doit être avant tout, la confrontation ritualisée avec la mort et la souffrance, avec le combat et le risque.
Evidemment, quand on part comme Erick COLMONT du présupposé que la corrida est surtout un spectacle artistique, on ne peut qu’être tenté d’en expurger toute bavure sanguinolente susceptible de heurter la sensibilité extrême des esthètes (de veau).
Erick COLEMONT comprendra donc, que partant des arguments eux aussi honorables exposés ici, on ne puisse que s’émouvoir de ses propositions. Propositions d'autant plus surprenantes qu'elles semblent prendre en compte et entériner les critiques de ses adversaires «zantis» préférés.
Il semblerait qu’il existe d’autres priorités beaucoup plus impérieuses que de vouloir moraliser ce qui, par essence, ne l’est pas.
Nul doute qu'Erick COLEMONT ne prenne conscience de sa bévue, il ne saurait suivre les traces de ces hommes qui «ne doutent jamais», qui prétendent parler «au nom du monde taurin français».
Errare humanum est, perseverare diabolicum.
Xavier KLEIN

mercredi 3 mars 2010

VOMITORIUM PSYCHIQUE

Très beau texte de notre ami El CHULO
J'avais amené mon ami Henri DELANNE, à une corrida à Dax.
Il voulait voir.
C'était un géant moustachu, fracassé, boiteux, parfois gueulard, peintre et sculpteur de talent.
Un ami.
S'y produisait, je crois, Manzanares, et de fait la corrida m'a tellement marquée que je l'ai oubliée, comme tant d'autres.
Il sortit muet, c'était la première qu'il voyait.
Je le connaissais et savais qu'il ne fallait pas lui parler: «-Comment t'as trouvé? C'est spécial non?» ou autres conneries au risque de réflexions froissantes.
Je connaissais mon grand ami moustachu et ses ruades de mule folle dès qu'on prétendait formaliser ou expliquer.
DELANNE c'était un fil de fer à pendre le linge qui vibrait au vent mais avec des subtilités de violon virtuose.
Muet donc, mon DELANNE.
Il était reparti vers son Nord, avec ses silences et son rire trompe l'œil, de gueulard falstaffien qu'il n'était pas. Un jour il me téléphona: «-J'ai fait des dessins de corrida et une sculpture».
J'ai conservé l'un de ces dessins chez moi. De la corrida il a retenu la nuit, le sombre et le cercle.
Une mauvaise estocade, mais si vraie... Je pense souvent à Lorca en regardant ce «dessin», c'est ainsi qu'il nommait ces toiles. Lorca et ses voix noires, ou ses sons noirs, pour que le duende interrompe «cette foudre interminable».
Lorsqu'il est mort, sa femme m'a offert un petit bronze d'un toro qui meurt aux pieds d'une femme, les bras véhéments et dressés comme ces suppliciés de Napoléon, contre un mur, dans un tableau de Goya.
Le bronze est sur la table basse devant la télé. DELANNE n'est plus là. Je savais sa terreur des bleus, non seulement à l'âme, mais aussi dans ses peintures.
Alors bien sûr, ces messieurs jouent avec un matériau unique, qui pouvait réduire DELANNE au silence. Un jour de boire, il m'avait dit sobrement , «-J'en ai pris plein la gueule», et c'était une corrida bien banale. Il avait le sens du raccourci. Il avait vu, pourtant, la nuit, la margelle du puit de Lorca, et cette lumière qui vient d'ailleurs, ou plutôt du plus profond de nous et de nos tripes.
Alors, pensant à ses silences durant la corrida et après, regardant la petite femme dépoitraillée et ses bras qui griffent le ciel avec le toro qui tombe à ses pieds, je pense au silence assourdissant de las Ventas, et à ces musiques informes qu'on nous propose, ces bandas professionnelles de la liesse de pacotille qui ramènent chaque année les dernières nouveautés de Pamplona, à ces innocents qu'on peint en rouge et blanc, à cette corrida qui n'est plus qu'un spectacle, quand ce fut pour un peuple terrassé par le franquisme, avant la movida, le seul moyen de dire les choses, ou simplement des choses.
J'ai employé le terme de «vomitorium psychique».
Maintenant, la corrida a moins à dire, car le public n'a plus aucun besoin de dire, elle est un objet de négoce, un spectacle, et en bon fournisseur, il faut en donner pour les sous, et attirer d'autres spectateurs consommateurs.
MA corrida, je pense, était ancrée dans la terre espagnole et certains recoins du sud de la France. Quand l'ultra-libéralisme a envahi l'Espagne, il a fabriqué Cordobes et ses sauts de grenouille, avec toutes les conséquences que nous vivons actuellement, d'un spectacle reproductible, aseptisé, convenu, sur mesure, et d'une extrême vulgarité. Avec un toro adapté, aseptisé, collaborateur et con comme la lune.
En face de lui, de ce toro donc, une poignée (4 ou 5) de señoritos, seuls capables d'emplir les arènes, et qui doivent durer de 60 à 100 corridas par an, et le font payer très cher, au risque que derrière leurs pas, la terre ne soit brûlée.

EL CHULO

Le Saturne dévorant ses enfants de Goya. Ingestion? Régurgitation?