Humeurs taurines et éclectiques

mardi 23 février 2010

«Quand lama fâché, señor, lui toujours faire ainsi...»

Cher Dalaï,
Tu permets que je t’appelle Dalaï? Parce que ton vrai nom Tenzin Gyatso
, c’est vraiment trop dur et que j’suis pas doué pour les langues, surtout pour la langue de bois.
Actuellement y’a des mecs qui s’en prennent à toi, zaux motifs que t’aurais balancé sur la toromachie en Cacalogne. Y’en a qu’ont vraiment rien à foutre (mais ils z’en ont pas rien à foutre)!
Evidemment la chose peut heurter le quidam inculturé, le petit blanc franchouillard accro au ricard (Paul). Si en plusse, on lui dit que la C.I.A. est dessous, gare! On rigole plus, on donne dans la barbouzerie et l’honneur national est en jeu.
Cons d’Amerloques! Sont même pas capables d’organiser une feria correcte à Las Vegas où Jony, y va se faire retendre tous les ans…
Moi, j’y connais pas grand chose dans tes lamaseries, mais j’ai cru comprendre que t’étais végétarien, pour le respect des zanimaux, et contre toute violence, un bouddhiste quoi…
Moi, je suis plutôt côté Lama Miédeclairac, qui ne va pas du tout dans ton sens.
C’est pas mon truc, mais je respecte.
C’est comme si on demandait à ton poteau Benoît SEIZE de faire la pub pour un club échangiste ou un téléphone rose. Faut pas pousser! Cada uno en su sitio.
Comme tout le monde, t'as tes petits défauts, tes cadavres dans les placards, tes discordances, un homme quoi! Qu'attendent-ils d'une culture restée engoncée dans ses sommets enneigés pendant des siècles?
De là à aller te transformer en suppôt du nazisme, de la Shoka Ashara ou de la C.I.A., y’a un monde, celui qui sépare le tien, celui de la sagesse et le leur, celui de la déraison et du fanatisme. Certains trouducs locaux ne se sentent plus et après avoir parlé au nom du monde taurin français, ils ambitionnent carrément l’opinion mondiale.
On peut en rigoler (ce que je fais), mais c’est quand même une grande putasserie que de salir un homme honorable comme toi, uniquement pour mettre les beaufs de son coté. Surtout de s’en prendre à un S.D.F. qu’est obligé de sortir en peignoir rouge, parce qu’il a pas de thune pour se payer un falzar.
Faut dire qu’ils penchent plutôt vers une secte différente, celle du Lama Sourre, un lama U.M.P. et ultra-libéral qui a installé son ashram dans le sud-ouest, où il a quelques adeptes, notamment à Vieux Boucau.
Tu pourrais aussi leur répondre qu’en homme sage, tu ne refuses de parler avec personne, comme le Pape qui cause même avec Berlusconi, Sarkozy (mais de quoi?) et Khadafi. Tu pourrais leur répondre qu’ils n’ont aucun scrupule à toquer complaisamment les manettes de vieilles crapules franquistes, ce qui ne manque pas en Espagne, même si l’espèce se raréfie.
Tu pourrais enfin leur clouer le bec en dénonçant leurs marches d’approches cousues de fil blanc vers une Chine où le «marché taurin» est semble t-il prometteur. Et que pour le grisbi on serait capable de toutes les bassesses. Traduire Terres Taurines en chinois, après l’espagnol: ze pied! Ca ne les dérange aucunement de relayer l'intox de Pékin ou des concurrents évangélistes: la fin justifie les moyens...
Tu sais, toi qui te place, sans violence, du coté des victimes et non de celui des bourreaux, combien on a tué de tibétains, combien on a brûlé de lamaseries, combien on a massacré de moines. Tu sais la colonisation forcée de Lhassa et du Tibet et le silence des Grands.
Tu sais aussi que la pire ignominie n’est pas de crier: «Mort aux juifs», mais «Les juifs ne sont pas morts». Apparemment, on peut dire la même chose avec les lamas ou les tibétains. Tu ne t’étonneras donc pas que le révisionnisme, la pire forme de la connerie et de l’ignorance atteigne ces esprits chafoins.
Pardonne leur car ils ne savent pas ce qu’ils font! A moins qu’ils ne le sachent que trop bien ce qui est le propre des salauds.
Pour en revenir à notre affaire, franchement, t’aurais pas dû intervenir dans cet imbroglio catalan. Sans doute une lama l’adresse…
Que tu aies cherché un appui auprès de Barack, ô lama, ne me gêne guère, mais auprès des catalans! Mais après tout c’est ton droit, et moi jt’aurais dit poliment et gentiment mais fermement, avant de te payer un pion: «Mon lama, avec tout le respect qu’on te doit, ceci ne te regarde pas, occupe toi de tes oignons», comme Fifi Quatre d’Espagne a répondu au pape, quand ce dernier déblatérait (le lama est un camélidé) les mêmes couillonnades que toi.
Ils devraient le savoir ces cons, le lama est un animal à poil laineux, sans doute une réincarnation loupée. Et tout le monde sait que: «Quand lama fâché, señor, lui toujours faire ainsi...»
Mais je rassurerai chaque aficionado en l’assurant en ton nom, que malgré les menteries des malfaisants: «Le lama t’adore».
Arte!
Xavier KLEIN
NOTA: le contenu de l'article de TT est une resucée copiée-collée d'un texte de Herbert et Mariana ROETTGEN (Le bouddhisme tibétain et le Dalai Lama Munich-Juillet 2000, traduit de IDEA N°8, Service d’Information de l’Alliance Evangélique Allemande) qui traine sur plusieurs sites, y compris des sites musulmans (http://aslama.com/forums/showthread.php?p=180880 ou http://marialerouxi.aceboard.fr/270040-2593-1300-0-vrai-visage-Dalai-Lama-vraiment.htm)
Super la recherche dans les poubelles du net!!!
A lire:
http://www.iivs.de/~iivs01311/francais/articles.fr..htm (site de Victor et Victoria Trimondi, alias Herbert et Mariana ROETTGEN)

jeudi 18 février 2010

SAMADET 2010

Vladivostok en Tursan, dimanche 14 fevrier, 15h30.
La goutte au nez, les plus vaillants, les moins frileux ou les plus désoeuvrés ont risqué la pneumonie ou les angelures pour soutenir la courageuse initiative de cette petite commune, renommée pour sa faïence.
Une rentrée aficionada sympathique vécue en bonne compagnie, avec récital d'un hautbois mélancolique qui avait mis à profit la morte saison pour réviser, avec application, les oeuvres complètes du regretté Alphonse ALLAIS et l'intégrale de l'almanach Vermot. Ce qui a très agréablement meublé les temps morts de l'après-midi.
Palme au désormais célèbre «C'est une défaïence» après un énième désarmé d'un des sympathiques candidats.
1/3 d'arène (le froid recroqueville). Callejon occupé par le «monde taurin français».
J'ai apprécié l'honorable présentation du bétail d’ANTONIO LOPEZ GIBAJA et le jeune Miguel de Pablo venu porter, avec de très agréables détails, un peu de toreria et d'originalité.
Un souhait aux éphèbes: Siouplait, si vous pouviez-vous abstenir de la sempiternelle série de cambiadas d'entrée, ça serait vraiment sympa: les plaisanteries les plus courtes...
Les piqueros avaient relevé le gant et dégainé la moufle. Dire que certains les traitent de croque...mitaines

lundi 15 février 2010

On est toujours le barbare d’un autre...

Enfant des rues. Boukhara (Ouzbékistan) (photo XK)
La vérité absolue ne saurait exister dans le monde des Hommes. Il n’est au mieux que des vérités relatives en fonction du temps et de l’espace.
Juger d’un phénomène ou d’un événement du passé avec des yeux contemporains est aussi stupide et vain que de juger de ce qui se passe dans les favelas cariocas ou les bazars ouzbeks avec une perception «européo-centrée».
Ceci ne signifie nullement, au contraire, que nous devions nous abstenir de toute opinion. Ceci signifie seulement que la vérité d’ici ou de maintenant ne peut être celle d’ailleurs ou d’hier.
C’est au nom de ce même principe que je conteste aux «zantis» le droit de juger et à fortiori de condamner, le phénomène taurin. De quel droit un danois ou un picard devraient-il se prononcer sur ce qui ne les concernent nullement, dont il ne connaissent aucunement les tenants et aboutissants, au nom de morales ou de vérités qui n’appartiennent qu'à eux?
C’est au nom du même principe que je me méfie du droit d’ingérence et de la prétention de l’homme occidental à imposer SES valeurs, qu’il justifie en les qualifiant d’universelles.
Chaque société humaine vit sa vie, évolue différemment, selon son rythme. Un rythme qui doit être respecté. Derrière le jugement porté, se tapit souvent un sentiment de supériorité qui ne dit pas son nom. Pour grossir le trait: «Voyez ces sauvages qui couvrent leurs femmes de burka, qui excisent leurs filles, etc.». Comme en d’autres temps on disait: «Voyez ces sauvages qui se prosternent devant des idoles, qui exhibent les mamelles de leurs femmes, etc.». Que cela nous choque, que nous en ayons une opinion est légitime et justifié, mais avant que de juger et condamner, essayons de comprendre. Et surtout respectons l'évolution de ces sociétés et leur droit à marcher à leur pas en fonction de leur histoire et de leur culture.
Ce sentiment de supériorité, cette licence que l’homme européen se donne de juger et de condamner se fonde sur la croyance que ses idéaux, son système de valeurs sont supérieurs et sont universels. CE QUI N’EST NULLEMENT LE CAS.

Pour autant, nous ne devons nullement abdiquer les progrès moraux et sociaux de NOTRE civilisation et nous battre pour les défendre, y compris lorsqu'on essaie de nous convaincre qu'il faut y renoncer pour être «compétitifs». Réduire la condition du travailleur français, belge ou espagnol à celle du chinois ou de l'indien: quelle magnifique victoire!
André VIARD aborde ce problème en évoquant (VOCATION PRÉCAIRE, http://www.terrestaurines.com/forum/actus/01-02-10/15-02-102.php) l’indignation soulevée par la multiplication des «enfants toreros» aux Amériques.
Pour une fois et sur ce point précis, je suis d’accord avec lui. Juger de ce phénomène avec nos yeux et nos normes européens est totalement abscons.

Qu'on se rassure, je divergerai ensuite sur le reste du raisonnement.
A.V. postule «que l'on ne "pousse" personne à aller dans l'arène. Personne ne devient torero à l'insu de son plein gré, et personne n'est obligé à aller au toro.».
Ce disant, ce cher André fait fi de réalités qui n’échapperont nullement à l’immense majorité des professionnels qui s’occupent d’enfants.
Certes, depuis les jeux du cirque, on n’a jamais vu d’enfants conduits de force dans l’arène. Ce serait absolument inconcevable, tant dans l’idée que dans la mise en œuvre.
Pour autant, notre homme ignore totalement, comme la majorité de nos contemporains d’ailleurs, certaines données (absolues et universelles pour le coup) du monde de l’enfance et de l’adolescence.
Pour résumer très schématiquement, au début, le petit d’homme (on devrait plutôt dire le «petit de femme») est totalement dépendant et confondu avec la mère et avec son désir. Tout le processus d’éducation (ex ducare= conduire en dehors) vise justement à l’accession à l’autonomie puis à l’indépendance.
Ce processus ne s’opère nullement en un jour, mais évolue, selon des rythmes et des schémas variés, selon les cultures, les individus, leur histoire et le mode d’éducation de leurs parents.
L’idéal est de parvenir chez l’adulte à un «désir conscient et décidé», ce qui malheureusement ne concerne que très peu d’individus.

Dans la plupart des cas, en Europe, on approche (plutôt moins que plus) de cet objectif à la fin de l’adolescence. Dans certains cas, on ne l’approche d'ailleurs jamais (salut les Tanguys). Mais DANS TOUS LES CAS, le désir reste toujours déterminé (en réalisation ou en opposition) par rapport à celui des parents.
«L’enfant torero» est donc toujours poussé dans l’arène, non par son propre désir «conscient et décidé», mais par le projet plus ou moins conscient de réaliser (ou non) le désir de ses parents. Cela, tous les professionnels de l’enfance le savent.
En doutez-vous?

Ma responsabilité professionnelle est de conduire des adolescents à des choix d’orientation à la fin du collège, en 3°. C’est une tache d’une immense complexité, où l’enjeu est justement que le projet d’un enfant SE DETACHE, autant que faire se peut, du désir de ses parents (ou de ce que l'enfant en perçoit), afin qu’il parvienne à définir SA voie, et non celle qui satisferait consciemment ou inconsciemment (ou insatisferait) ses parents.
«L’enfant torero» jusqu’à la fin de l’adolescence n’a pas de choix, parce que psychologiquement il ne peut avoir la maturité et les éléments d’un choix. C’est une illusion dangereuse que de croire le contraire. On ne «pousse donc pas l’enfant torero», MAIS IL Y EST POUSSE.
La deuxième objection majeure que l’on peut formuler tient à la conception de ce qu’un «enfant torero» a à faire dans une arène, et par delà à ce qu’un torero fait dans une arène.
Elle tient à la définition même de l’acte taurin.
Soit toréer, c’est combattre, et par là assumer un risque majeur (blessure, invalidité, mort), et l’on ne saurait exposer un enfant à ce RISQUE qu’il ne peut ni mesurer, ni prendre en pleine connaissance de cause.
Soit toréer, représente un aimable divertissement avec un adversaire-collaborateur accomodant. Le toreo moderne quoi! Ce qui entraîne les dérives scandaleuses que l’on a constaté: choix de bétail approprié au jeune prodige, complètement découplé de la réalité de l’acte taurin, et qui mène à la mascarade.
Le public qui se prête à ce que je qualifierai d’exhibition de monstre (au sens étymologique du mot= curiosité que l’on montre) justifie alors parfaitement le procès en perversité des «zantis». On est pleinement dans le voyeurisme sans limites.
«L’enfant torero» expose donc à deux dérives: l’irresponsabilité ou la pantalonnade.
La troisième objection résulte de la deuxième. Si «l’enfant torero» «est poussé» (et nous avons vu que d’une manière ou d’une autre, il l’est), est-il moral de justifier d’une motivation, qui serait surtout fondée sur la misère intellectuelle ou surtout économique? Cet argument est INDEFENDABLE, à moins de justifier pêle-mêle la prostitution infantile, les trafics d’organes d’enfants, le travail des mineurs, les enfants-soldats, etc.

Il contrevient ABSOLUMENT dans le fond et dans la forme à la Déclaration Universelle des Droits des Enfants * (http://www.droitsenfant.com/cide.htm).

Khiva (Ouzbékistan) enfant de 10 ans au travail (photo XK)

La phrase d’André VIARD «Ensuite, jusqu'à quand pourra-t-on invoquer cette morale de pays riche pour dénier à des jeunes qui ressentent cette vocation, le droit de tenter leur chance dans cette voie atypique, ingrate, dangereuse et aléatoire, mais pas moins injuste que celle, sans issue, qui s'ouvre le plus souvent pour eux dans nos sociétés?» est scandaleuse dans la mesure où elle autorise toutes les dérives (si l’on remplace l’expression «qui ressentent cette vocation» par exemple par «qui se prostituent» ou «qui s’engagent comme soldats à 12 ans»).
Elle est également scabreuse parce qu’elle crée un parallèle entre les conditions de vie souvent intolérables de pays du 1/3 monde, et la situation des jeunes incontestablement plus favorisés dans nos sociétés. Que je sache, on ne voie pas sur les trottoirs de Paris, Bordeaux ou Mont-de-Marsan la même misère juvénile que sur ceux de Bogota ou de Manille. Dieu merci!
La fin de l’article s’avère de même inacceptable. Le mythe «cordobesien» du génie sorti du ruisseau, s’il fût jamais vrai (mais très instrumentalisé par les pouvoirs, entre autres franquistes), sent à plein nez la même idéologie qui inspira Rocky dans l’Amérique reagannienne, c’est à dire les bénéfices secondaires et bienfaisants de la misère.
Un grand rêve trompeur qui recouvre une misérable réalité et peu d’élus.
Ce n’est pas l’option des socio-démocraties d’Europe occidentale où l’on fit jusqu’aux années 90, le choix du bien-être général, ce que semble beaucoup déplorer André VIARD. Ce qui a également permis l’émergence de figuras telles que Sébastien CASTELLA ou Juan Bautista qui, à ma connaissance, ne sont pas issus du «ruisseau».
Ce n’est en tout cas pas la situation du jeune Michelito, dont les parents ne relèvent pas du lumpenproletariat des bidonvilles mexicains.
Une fois de plus, une pierre est ainsi apportée à un discours ultra-libéral en parfaite concordance avec les thèses par ailleurs avancées sur le «toreo moderne» et la marchandisation de la corrida.
Un discours fallacieux et dangereux, en ce qu’il légitimise la vocation taurine par la nécessité économique de destins sans issues: la corrida devient ainsi un sous-produit de la misère (économique et psychologique) et du sous-développement.
J’ai la faiblesse de croire qu’il peut en être autrement et que l’IDEAL, les préoccupations humanistes et sociales qui me (nous) guident peuvent gouverner les Hommes et leurs destins.

De grâce, laissons les enfants rester des enfants!

Xavier KLEIN
Photo de Ruven Afanador

* Article 321. Les États parties reconnaissent le droit de l'enfant d'être protégé contre l'exploitation économique et de n'être astreint à aucun travail comportant des risques ou susceptible de compromettre son éducation ou de nuire à son développement physique, mental, spirituel, moral ou social.
2. Les États parties prennent des mesures législatives. administratives, sociales et éducatives pour assurer l'application du présent article. À cette fin, et compte tenu des dispositions pertinentes des autres instruments internationaux, les États parties, en particulier:
a) Fixent un âge minimum ou des âges minimums d'admission à l'emploi ;
b) Prévoient une réglementation appropriée des horaires de travail et des conditions d'emploi;
c) Prévoient des peines ou autres sanctions appropriées pour assurer l'application effective du présent article.

vendredi 12 février 2010

DEBAT AVEC JEAN PAUL RICHIER

AVERTISSEMENT

J’ai délibérément «retenu» des interventions de Jean-Paul RICHIER, notre «zanti» préféré, qui, avec humour, finesse et culture, et souvent... provocation, accepte le débat en argumentant.
Ces interventions qui entraient peu à peu dans la profondeur du sujet m’ont paru nécessiter un article à part entière plutôt que des commentaires.
C’est pourquoi, je les publie aujourd’hui, veuillez m’excuser pour le retard.
Etant donné le développement de certaines des contributions qui engendrent de longs commentaires très argumentés incompatibles avec le format limité possible, je propose, tant à J.P. RICHIER qu’aux contradicteurs de me transmettre des articles structurés (2 pages TIMES format 12 maxi: après le lecteur ne lit plus…) que je publierai tels quels à une rubrique «Débat ZANTIS» sans connotation péjorative).
Il va de soi que je ne publierai que les articles ARGUMENTES, susceptibles d’engager une réflexion et un débat, même vif, tels que ceux de J.P.R. et non des ramassis de poncifs.
Il va de soi aussi que cette rubrique ne passionnera peut-être pas tous les lecteurs, et qu’auquel cas, il leur sera loisible de passer outre. En ce qui me concerne elle me paraît incontournable.
Référence :
http ://bregaorthez.blogspot.com/2010/01/muy-inkorrekt.html
Xavier KLEIN


XK : «Le problème, c'est la représentation culturelle du rapport de l'homme à l'animal qui diffère.»

J.P.R.: Depuis le temps que je me tue à vous le dire.

XK : « Le problème, c'est le rapport et la représentation divergente quant à la souffrance et à la mort. »

J.P.R.: Vivi, la souffrance et la mort des autres : des bovidés (je sais, ça ne compte pas, ils ne partagent que 80% du génome de l'Homo sapiens® et n'ont même pas d'âme), éventuellement des types en bas roses. Air connu.
Je veux bien que le passionné de corrida s'identifie au toréador, mais aussi au taureau. Surtout s'il a la fibre torista. Mais l'une des rares choses pertinentes qu'écrit M Wolff dans son inénarrable filosofie de la corrida, c'est que l'opposant à la corrida s'identifie au taureau souffrant, et le passionné de corrida s'identifie au taureau combattant.
En tout cas, quelle que soit la complexité des jeux identificatoires, la souffrance reste extérieure. On est dans le spectacle de la souffrance et de la mort.
Au moins les types en bas roses, pour lesquels je n'ai pourtant pas l'ombre d'une sympathie, mettent-ils parfois en jeu leur souffrance propre. La pulsion sadique d'un José Tomás est indubitablement une pulsion sado-masochiste.
«ASSUMONS, NE CHERCHONS PAS A NOUS JUSTIFIER.
Le Toro saigne : OUI
Le Toro a mal : OUI
La mise à mort et la façon de la donner est le but suprême de la Corrida : OUI
Et alors, il est la pour ça, non !!!!! »
Voici votre thèse récemment exprimée en quelques phrases par Monsieur
Colmont. Il a dû lire votre blog en cachette et, en bon hystérique, se dire qu'il fallait faire comme les intellos: assumer sans déni. Mais sans votre talent d'écriture, ça passe un peu moins bien...
Commentaire a posteriori de X.K.: Voilà que nous avançons. Nous sommes d'accord sur un certain nombre de conclusions:
1°) «Le problème, c'est la représentation culturelle du rapport de l'homme à l'animal qui diffère.»
2°) «Le problème, c'est le rapport et la représentation divergente quant à la souffrance et à la mort.»

Désaccord: «l'opposant à la corrida s'identifie au taureau souffrant, et le passionné de corrida s'identifie au taureau combattant.». Je postule, sans le développer pour l'instant, que l'opposant à la corrida s'identifie au taureau souffrant, et le passionné de corrida s'identifie au taureau combattant ET AU TORO SOUFFRANT, DANS UN PROCESSUS DE DEPLACEMENT.»

XK : « Je postulerai donc que le cher J.P. est en fait un aficionado qui veut s'ignorer. Peut-être un repenti. Fasciné par la chose mais encombré par son surmoi pour caricaturer.
Comment expliquer autrement le temps, l'investissement et la connaissance tout à fait extraordinaires pour un «zanti», consacrés à un débat somme toute très périphérique? »

JPR: Je signale d'abord qu'il convient de ne pas confondre le plan des déterminismes, qu'ils soient psychiques, biologiques, familiaux ou sociaux, avec le plan du discours du sujet comme membre du corps social, et des valeurs qu'il «choisit» d'y défendre. On peut se livrer à une psychanalyse plus ou moins sauvage des uns et des autres, avec plus ou moins de bonheur, mais ceci ne valide ni n'invalide leurs positions morales, politiques ou sociétales.
Ceci recoupe ce que je pointais dans un autre fil en écrivant (pardon de me citer) : «je vous invite à ne pas confondre l'approche descriptive avec l'approche prescriptive, la logique explicative avec la logique normative. »
Par ailleurs, la question de la corrida est certes extrêmement périphérique sur le plan quantitatif (i.e. les hommes et les animaux concernés). Mais elle est symbolique d'une question de toute première importance, en ce qu'elle la met en scène pour ainsi dire à l'état pur: la pulsion sadique, (NOTA X.K.: ET LA PULSION MASOCHISTE) aussi bien dans l'acception de la première théorie des pulsions que dans celle de la seconde.
Et j'ai par ailleurs pour habitude de bien connaître ce à quoi je m'attaque, quel que soit le domaine.
Ceci étant posé, il vous est tout à fait loisible de tenter une psychanalyse des défenseurs des animaux, voire de ma personne en particulier.(pourquoi diable Annie Maïllis et Francis Wolff, qui vont enfin éclairer le monde, ne vous ont-ils pas invité
le 30 janvier à Arles ?)
Dans la mesure où les pulsions agressives habitent tout le monde, et moi le premier, il faut bien en faire quelque chose.
On peut tout à fait poser l'hypothèse que des défenseurs des animaux sont mus par ce que les psychanalystes appellent, dans le cadre du fonctionnement névrotique, des formations réactionnelles, c'est-à-dire des attitudes psychologiques de sens opposé à un désir refoulé, et constitué en réaction contre celui-ci. Dans cette hypothèse, le combat contre la corrida serait le contre-investissement conscient opposé à un investissement sadique inconscient, une réaction contre la force des pulsions agressives.
Pour ma part, s'il existe au tréfond de mon âme des pulsions agressives orientées contre des animaux (NOTA X.K.: Pourquoi limiter aux animaux, et pourquoi ne pas postuler que les animaux ne sont là que des substituts ou des objets de transfert?) , je n'en ai jamais identifié d'indices. Si tel était le cas, je le reconnaîtrais bien volontiers, comme puisque ça ne changerait strictement rien au fond du problème. Lutter contre la violence des hommes envers les hommes ne m'empêche ainsi nullement d'identifier en moi l'existence de consistantes pulsions agressives orientées contre mes semblables. Cette identification est d'ailleurs le meilleur moyen d'éviter de les mettre en oeuvre si un jour l'occasion m'en était donnée.
Je n'ai certes pas, par définition, accès à tous les recoins de mon inconscient, mais faire systématiquement de l'empathie militante pour d'autres formes de vie une formation réactionnelle attestant de pulsions zoosadiques serait, vous en conviendrez, assez court.
La question de fond est plutôt de tenter de comprendre pourquoi certains êtres humains se construisent en coupure et en opposition aux autres formes de vie animale, y compris les plus semblables, et pourquoi d'autres se construisent en continuité et en empathie avec ces autres formes de vie, au moins les plus semblables.
Le problème est d'autant plus complexe que l'identification et/ou les liens affectifs s'empêchent pas les conduites destructrices et sadiques, les anthropologues en ont maintes illustrations. J'ai moi-même rencontré cet été un amène éleveur tarnais, amoureux et connaisseur des bovidés et en particulier de ses vaches Salers, mais paradoxalement amateur de corrida.
Si l'environnement culturel (de l'économique au symbolique) tient évidemment un rôle clé, des facteurs individuels restent à élucider.
On peut également tout à fait, pour revenir à votre logique, poser l'hypothèse qu'entre en jeu ce que les psychanalystes appellent la sublimation, c'est-à-dire l'orientation des pulsions, en l'occurrence agressives, vers des objectifs sociaux ou culturels. Le combat contre la corrida peut être par exemple une manière d'orienter son agressivité qui ne fait souffrir personne, ni animal ni homme, il ne fait que contrarier le mundillo. (NOTA X.K.: Il est évident que se faire traiter de bourreau, de tortionnaire, etc. par nombre de zantis ne serait nullement de nature à faire souffrir, moralement j'en conviens (mais certains vont plus loin et s'attaquent aux biens et aux personnes) les récipiendaires de ces amabilités)
Je ne songerais ainsi nullement à nier qu'outre la pulsion épistémique, c'est la pulsion agressive qui me fournit l'énergie de ces échanges ici. Il est même trivial de le reconnaître. Je ne conteste donc aucunement vos métaphores agonistiques, qu'elles soient guerrières ou tauromachiques.
Mais Monsieur Sigmund a le premier insisté sur le type de mécanismes que je viens d'évoquer dans la genèse du Surmoi et dans l'élaboration des qualités qui font de l'homme un être social et sociable. Souffrez donc que, loin de les dénier, je les revendique. Et que l'une de mes façons de gérer ma part de Unbehagen in der Kultur (NOTA X.K.: "Malaise dans la Culture", ouvrage majeur de Sigmund Freud) soit de combattre l'une des vôtres.
Ceci dit, vous avez négligé une piste (NOTA X.K.: Laquelle cher J.P., nous avons hâte?) ..Vous allez chercher midi à quatorze heures (c'est le propre de la psychanalyse), mais en contournant une évidence. A moins que vous n'ayez pas bien lu le texte de ma motion.

Pour conclure, il me semble que J.P. RICHIER se livrant ici à une très honnête analyse de CE QUI AGIT AUSSI les anti-corridas entre vraiment dans un débat intéressant. A SUIVRE
.

LE BAL DES CHACALS

"Quand le lion saigne, les chacals reprennent courage"
Proverbe arabe
L’inconséquence de nombre de nos compatriotes ne laisse jamais de m’étonner.
Récemment, je me trouvais à «batailler» sur un coin de zinc avec trois citoyens qui devisaient gaillardement sur les «marchés» conquis de haute lutte (et petites vilenies) par les entreprises françaises à l’étranger. On évoquait fièrement les pays où d’ex-entreprises françaises nationalisées (dans les domaines de l’eau ou de l’énergie) avaient mis la main sur les marchés. Cocorico!
La chose s’avérait d’autant plus savoureuse que deux des intervenants avaient été licenciés par des entreprises qui délocalisaient par le biais de leurs filiales.
Que voulez-vous le cocu heureux est une figure emblématique de notre civilisation gauloise! Généralement, le franchouillard est généreux et partageur (tant que ce n’est pas avec un black ou un beur…).
Je n’ai nullement l’esprit cocardier, surtout quand la cocarde ne recouvre pas la nation mais un conseil d’administration et des actionnaires, voire des fonds de pension.
Je tentais donc désespérément de faire remarquer que ce qui m’importait surtout, comme me semble t-il à la plupart de nos compatriotes, était de disposer des éléments vitaux que constituent l’eau, le gaz, l’électricité, les transports publics, etc. au meilleur prix et avec les meilleures garanties. Et de rajouter que ces badineries qu’on nommait, il y a déjà des lustres, de l’appellation désuète de «services publics» ne devaient pas constituer des objets économiques et des sources de profits ou de spéculations.
Qu’en conséquence de quoi, je me foutais pas mal qu’E.D.F., Suez ou Dieu sait qui, s’assurent du monopole du marché dans les Carpathes, mais que par contre, il m’importait beaucoup qu’ils assurent leur fonction à Orthez, sans que je contribue, involontairement, à l’acquisition du réseau électrique serbo-croate dont je me contrefous.
J’aime bien les serbo-croates. Les rhododendrons aussi d’ailleurs! Et comme je les aime bien, je ne leur souhaite nullement que des hyènes, fussent-elles estampillées françaises, aillent jouer chez eux les charognards.
Qu’on fasse du blé avec le superflu ne me gène pas particulièrement: on est libre d’acheter le dernier home cinéma à la mode ou la panoplie rouge et blanche made in China, indispensable pour ne pas être harcelé par les pékins durant certaines ferias. On ne l'est pas de boire ou de se chauffer.
Ce qui me heurte, c’est qu’on tire profit de l’indispensable (énergie, santé, éducation, etc.).
Alors vous comprendrez que de disserter pour savoir quel chacal a pris le pouvoir et mène la horde dans les plazas de Barcelone, Valence, ou de Trouduculos de las Hermanas, JE M’EN BATS LES FLANCS AVEC UNE NOUILLE.
Et d’être confondu par la fascination que ce genre de non-évènements exerce sur l’acicionado, à en croire la place qu’on leur réserve dans les tabloids et les sites taurino-pornographiques.
Le ridicule ne tuant plus, et depuis belle lurette, les mêmes qui grenouillent abondamment dans ces magouilles de bas étage à but hautement lucratifs, nous exhibent à foison les frêles cache-sexes d’un discours sur la tradition, l’art, les «valeurs», le «patrimoine immatériel….», alors qu’il ne s’agit que d’OSEILLE (pas celle dont on farcit les aloses, qui est respectable et utile, elle).
Qu’on ne vienne pas s’étonner ensuite que quelques esprits rebelles, qui n'entendent nullement renoncer à un usage raisonnable et régulier de leurs neurones, ne veuillent nullement marcher dans la combine.
Qu’on ne s’étonne pas non plus d’offrir aux «zantis», qu’ils soient français ou ibériques, des arguments de choix. Ils auront beau jeu d’appeler un chat, un chat (normal pour les défenseurs des «zanimaux»), et de condamner AVEC RAISON une tauromachie qui ne devient plus qu’une opération économique et une source de profit comme les autres.
Autrement dit, je ne reproche nullement aux grands fauves d’être ce qu’ils sont, aux capitaines d’industrie de vouloir «faire de la thune». Ce que je n’accepte pas, c’est qu’ils n’assument pas ces objectifs réels, c’est qu’ils les enrobent d’arguments fallacieux, c’est enfin qu’ils sollicitent notre soutien pour leurs projets foireux.
Affirmant tout cela, je ne me réfugie en rien dans un angélisme découplé des réalités. La tauromachie, comme toute activité dans un monde moderne, ne saurait ignorer les contingences économiques. Et elle les a intégrées depuis ses origines. Là comme ailleurs il convient de n’être ni naïf, ni béat, et de ne pas prendre des vessies pour des lanternes.
Pour autant, on peut vouloir garder l’emprise économique «a su sitio» et appliquer la formule des Ecritures: «L’argent est un bon serviteur mais un mauvais maître».
Affirmer ainsi que l’économie et l’argent sont des outils et non une fin, des moyens et non un but, est une prise de position MORALE, PHILOSOPHIQUE et POLITIQUE, certes démodée dans nos temps de libéralisme exacerbé, mais qui n’en demeure pas moins parfaitement honorable.
En tous cas, placer le débat sur ce plan lui donne un relief, une acuité et une portée tout autres.
La tauromachie n’est ni de gauche, ni de droite. Par contre, la manière dont elle s’organise relève authentiquement de choix éminemment politiques.


Il conviendrait de ne pas l’ignorer, ni l’oublier.


Xavier KLEIN

lundi 1 février 2010

AU NOM DU MONDE TAURIN FRANCAIS

Peut-on prétendre à parler AU NOM DU MONDE TAURIN FRANCAIS, à partir du moment où de manière délibérée, on veut en ignorer les composantes qui vous critiquent?
On fait feu de tout bois pour discréditer ainsi l'opposition (pas au sens de minorité: il faudrait alors un scrutin loyal qui départage les protagonistes...) qui se manifeste. Tout y passe, de la caricature à l'amalgame, en n'oubliant pas les attaques personnelles, pour conserver le dernier mot, dans ce qui n'est que l'expression et la mise en scène, d'une ambition personnelle.
Il a toujours existé un débat, ou plutôt une «dispute» (au sens Renaissance du terme) entre Anciens et Modernes, ou en matière de tauromachie, entre «toristas» et «toreristas». La chose était plutôt sympathique et de nature à meubler les après-corridas ou les longues soirées d'hiver. Cela procédait du vaudeville.
Ce n'est plus du tout la pièce qui se joue en ce moment qui tend plutôt vers la tragédie ou pour le moins vers le pathétique.
Le problème n'est pas dans une opposition entre «toristas» et «toreristas», mais entre «corrida moderne» en tant qu'objet économique, et «corrida traditionnelle».
On ne m'a jamais entendu ici m'en prendre à l'orientation taurine et artistique, à la tradition et au goût, de telle ou telle plaza. Vic, Céret, Nîmes ou Dax (ou je dispose d'un abono depuis trente ans) par exemple, ne sont pas des «pages blanches». Elles ont un public et une sensibilité qu'il convient de respecter. On aime, ou on n'aime pas. On y va assister à des corridas ou non, selon son goût. Tout cela n'avait jusqu'alors posé aucun problème, sinon des tirades homériques ou des quolibets entre factieux de chaque «camp».
Le nouveau problème est complètement différent. Non seulement on oppose les aficionados entre eux, mais encore on les conditionne à l'idée qu'une forme de tauromachie est exclusive de l'autre, et que l'une des deux est appelée à disparaître, ce qui est un discours complètement inédit et inacceptable.
POURQUOI? Et ce pourquoi est d'importance.
Parce que la tauromachie «traditionnelle» gêne et culpabilise l'autre. Parce qu'elle en empèche l'évolution sans remords et sans vergogne vers un acte purement commercial, où l'acte taurin n'est plus que l'alibi d'un spectacle aseptisé qui veut monter à l'assaut de nouveaux publics plus «softs». La corrida «traditionnelle» est la mauvaise conscience du toreo moderne. C'est l'oeil de Caïn qui rappelle sans cesse aux figuras «modernes» que leurs devanciers se coltinaient AUSSI des Miuras, des Pabloromeros ou des Victorinos.
Parce que ce sont les valeurs et les enjeux de la tauromachie «traditionnelle» qui justifient la corrida tout court.
La tauromachie «traditionnelle» s'accommode et revendique l'irrégularité, l'imperfection, la subversion, le scandale de la mort, de la souffrance et de la peur présents dans la corrida. C'est une cérémonie aléatoire, aux résultats souvent décevants, qui entretient le désir, c'est à dire le manque. Loin de se résumer au torisme, elle englobe aussi le courant artistique. C'est dire que ses porte-étendards se nomment aussi bien Espla, que Morante.
Le grand Curro, comme Rafaël, mais aussi Antoñete, Curro Vazquez ou El Viti, ne furent jamais les enfants chéris de la tauromachie de paillettes, à cause de leur irrégularité de mauvais aloi ou de leur classicisme sans compromis.
Je me souviens des débats provoqués par la constitution de cartels C. ROMERO/R. de PAULA/ MANZANARES, à Dax où l'on préférait de loin PAQUIRRI/CANO et consorts, au nom des mêmes logiques «taquilleras».
Le front actuel oppose donc des PURISTES, pour qui la corrida demeure un rituel porteur de sens, aux ECONOMISTES pour lesquels la réalité économique s'impose, et avec elle l'évolution vers un spectacle qui s'adapte sans cesse au goût du client.
Appelons donc un chat, un chat, et cessons de tourner autour du pot, sans nommer clairement les choses.
Tout se résume à l’adage, stupide comme tous les adages, qu’on ne cesse de ressasser: «on ne peut être à la fois organisateur et aficionado». Comme si l’on disait à un producteur de cinéma: «On ne peut être producteur et cinéphile». Ou à un directeur de galerie: «On ne peut être programmateur et esthète».Grâce à ce raisonnement d’une connerie insondable, on se serait privé de TOUS les metteurs en scène qui ont fait la gloire de notre cinéma (d’Abel GANCE, Julien DUVIVIER ou Max LINDER à TRUFFAUT ou Eric ROHMER) et de la totalité des impressionnistes, cubistes, abstraits, qui vécurent et moururent dans la misère (comme MODIGLIANI, VAN GOGH ou GAUGUIN) aux motifs qu’ils «n’étaient pas vendeurs», et que le public n’en voulait pas.
L’art officiel est rarement prémonitoire même s’il s’impose aux contemporains. Et c’est un art académique et officiel, défini par des épiciers, qu’on prétend nous imposer AU NOM DU MONDE TAURIN FRANÇAIS.
Qui parle encore des figuras qu’on nous vendait il y a 20 ans? Les MUÑOZ, ESPARTACO et autres JESULIN? Ceux dont on vantait les mérites à grands coups d’Aplausos, en dénigrant des noms qui eux, sont demeurés.
Je constate que dans le panorama taurin français, il y a ceux qui s’engagent et la masse informe du Marais qui comme toujours se rallie à l’idéologie en vogue, sinon par adhésion, du moins par «beauferie», ignorance, veulerie, intérêt ou par confort.
Je constate de même qu’il y a ceux qui produisent des idées, des concepts, qui portent un regard curieux ou critique, qui ARGUMENTENT et puis ceux qui condamnent, vilipendent, méprisent ou raillent.
Je constate enfin qu’il y a des blogs ou sites qui interpellent et assument les débats, en se référant aux contradicteurs, et puis ceux qui se refusent à toute discussion, lui préférant la position du mépris et de la trompeuse vanité des gens qui croient savoir et détenir la vérité. Ceux là même qui prétendent à parler AU NOM DU MONDE TAURIN FRANÇAIS, alors même qu’ils se refusent orgueilleusement à entendre et à prendre en compte toute forme de critique ou de divergence.
Le fait est là, indéniable et irréfutable: nous citons souvent le Gourou de Vieux Boucau, démontons ses raisonnements, relevons ses mensonges ou ses contre-vérités, argumentons sur ses thèses.
Quand donc peut-on le voir en faire de même? JAMAIS!
André VIARD ne daigne pas se commettre à discuter avec la racaille. Ses contradicteurs sont traités par le mépris, il les nie en les amalgamant dans un anonymat forcément dégradant, en les caricaturant, en les stigmatisant par des insultes («talibans», «ayatollahs») qui le dispensent de toute pensée, de tout argumentaire, de toute contradiction.
Cette attitude présidentielle est à la mode certes, mais «à prendre les gens pour des chaises, on prend le risque de s’asseoir à coté».
La roche Tarpéienne est proche du Capitole et les dieux aveuglent ceux qu'ils veulent perdre.
Le pire pour moi, ne sont pas les dérives de l'intéressé, mais la complicité de ceux qui le soutiennent maintenant pour mieux le laisser choir demain, quand il sera devenu trop encombrant. Il y a ceux qui font, et ceux qui laissent faire, vous savez ceux qui échappent aux procès de Nuremberg et s'en tirent toujours "les couilles propres", en arguant qu'ils obéissaient aux ordres ou n'étaient au courant de rien.
MONDE TAURIN FRANCAIS, quel crime va t-on commettre en ton nom?

Xavier KLEIN
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VERS UN MUNICH TAURIN II

" Toréador mort" d'Edgar DEGAS (NON Edouard MANET: merci LUDO!!!)

L'ami Bernard (GRANDCHAMP) me fait parvenir ce texte, qu'il n'a pu insérer dans les commentaires du fait de sa longueur. A noter, que de même, des textes sont en attente de parution (dont un long et pénétrant commentaire de J.P. RICHIER) parce que leur taille ou leur intérêt mérite un article:

1 - « … quel sera le spectacle taurin du XXIe siècle? »
Spectacle taurin: le mot même de corrida, en son plein sens de combat, de sang, de mort, a disparu (''cachez ce sang que je ne saurais voir''?). Et cela, d'emblée, n'est pas anodin.
4 - « … ce toro qui n'existe pas de manière naturelle »
Le toro de combat a-t-il jamais existé de ''manière naturelle''?... Si on date de façon conventionnelle au début du XVIIIe siècle la mise en place de l'élevage des toros de combat, considérant que –comme dans toute forme d'élevage– il s'agit d'orienter les effets du hasard dont est constituée la nature naturelle, c'est à dire LA NATURE SANS NOUS, le toro de combat n'a jamais été –à toutes ses époques– que celui qui était le plus acceptable par nous, statistiquement, conventionnellement, artificiellement au sens où le peintre Degas disait: «L'Art est une convention, le mot Art implique la notion d'artifice». Or, dans cet artifice, il y a tout l'humain, tout ce qui fait l'humain d'Homo sapiens sapiens:
comme tous les produits de l'activité humaine, le toro de combat est un produit artificiel,
comme le cheval de course, la machine à laver ou l'ordinateur...
5 - «… l'usage des fundas ...»
De fait, les fundas sont un (nouveau) produit de l'artifice humain. Et si la raison –tout au moins l'une d'entre elles– de cette protection n'était pas réellement que nos ''braves'' (au sens méridional!) toros désormais ne ''se blessent ou se tuent'' plus?... L'idéal ne serait-il pas qu'on sélectionne bientôt (via quelque opportun OGM, pourquoi pas crocodilien?) des toros aux cornes amovibles?... Au campo, ils seraient ainsi élevés sans leurs cornes (finis les risques d'usures malvenues –susceptibles de gêner quelque reconocimiento-, et les risques de ''perte de marchandise'' due aux blessures ou morts intempestives); et on leur (re)mettrait leurs cornes la veille de l'embarquement...
6 - « … pourquoi le public se détourne progressivement des arènes. »
Si, par miracle et au hasard du choix, les arènes de Céret (par exemple) avaient la taille, et le nombre de places de celles d'Arles (ou de Nîmes), seraient-elles pleines?... (pour mémoire, lors de la dernière corrida-concours d'Arles, en septembre, qui vit cependant le triomphe immortel de Clavel blanco, le public devait garnir peut-être un tiers d'arène (soit environ 4 000 personnes). Et, si le public – dont NOUS faisons partie – ne voulait plus dorénavant que des ''parodies de combat''?... Car, du ''vrai combat'' (sang, tripes de chevaux...) il n'en veut plus –nous collectivement n'en voulons plus- (qui voudrait encore voir, par exemple, ce qui était clairement visible sur les écrans pourtant noirs et blancs de nos télé des années 60, des matchs internationaux de rugby où –le remplacement des joueurs même blessés étant interdit– l'on voyait des joueurs... blessés continuer à jouer, où l'éventuel sang sur un visage ou un maillot était un allant de soi?)...
Et si la corrida, en fait celle qu'au fond nous n'avons tant aimée que parce qu'elle était à l'unisson de nos autres croyances –unisson qui fait momentanément une culture ou la culture d'un moment de l'histoire humaine-, si donc ''notre '' corrida n'était tout simplement pas en train de devenir un oxymore – une contradiction dans les termes, en contradiction avec ce que désormais collectivement (statistiquement, culturellement) nous sommes disposés à accepter en matière de ''spectacle'', c'est à dire d'artifice et de convention au sens de Degas?...
7 - « ce n'est pas au spectacle taurin de s'adapter aux exigences d'un règlement inadapté, mais au règlement d'être conçu en fonction des besoins du spectacle que nous souhaitons produire »
Oui, absolument oui, ici tous les mots comptent –même s'ils ne comptent pas dans le sens que nous souhaiterions!-. Mais cela ne veut pas (seulement) dire que ''le marché régulera tout''... Si le public (à tort ou à raison dirait-on, or il ne s'agit là ni de tort ni de raison –mots où l'on verrait une empreinte de rationalité et d'objectivité- mais de la plus pure subjectivité d'un ''c'est mon choix''), si le public donc ne veut plus voir (statistiquement) que des ''parodies de combat'', les organisateurs organiseront ces parodies, car sinon ils n'organiseront plus rien, et –outre avoir perdu tous leurs sous– iront voir ailleurs ce qu'il pourrait bien y avoir à organiser... (pour prendre une image qui m'est chère, le jour où les ''grands vins'' –et même ceux de Bordeaux– seront passés de mode, on n'en produira plus! Or, à nouveau, comme le ''toro de combat'', le ''grand vin'' est une ''convention'' et un ''artifice'' au sens de Degas, quelque chose non pas d'immuable mais au contraire d'éminemment muable, c'est à dire susceptible de muer, de changer...)
8 - « Où sont passés les principaux intéressés, les aficionados? »
Les aficionados? Ceux qui aiment? Certes, mais aiment-ils tous de la même façon? Autrement dit, le jour où ils n'aiment plus de la même façon, où leur aficion –comme en d'autres moments les mouches– ''change d'âne'' (oh pardon, de toro!), où simplement ils n'aiment plus (collectivement) ce qu'ils aimaient auparavant, eh bien ils s'en vont payer ailleurs (un ailleurs où ils peuvent même retrouver des organisateurs partis organiser ailleurs!)
9 - « Le toreo est un art... »
On ne peut mieux répondre qu'en citant à nouveau Degas: « L'Art est une convention, le mot Art implique la notion d'artifice »... Ce que certains parmi les aficionados (certains dont nous sommes) appelent ''combat'' n'est-il pas en fait qu'une ''convention'', en l'occurrence un consensus momentané sur un ''comment'' (sur: quelle forme, d'où quelles règles? Quel ''règlement taurin'', donner à cette rencontre en public entre un homme et un toro? Y faut-il la mort, etc?).
Cela (tout cela) dit, je te rejoins entièrement dans ta conclusion: NUL N'A LE DROIT DE PARLER EN NOTRE NOM! Ce que disent toutes ces citations, c'est juste ce à quoi nous DEVONS désormais nous attendre (statistiquement). Mais ça ne dit nullement que nous devions déjà l'accepter... Et cela veut dire aussi –et plus que jamais désormais- que si nous voulons que le mot ''combat'' conserve l'acception que nous lui connaissons encore –bien que conventionnelle- nous devons être prêts plus que jamais aussi à ''payer pour cette aficion'', au sens très concret de payer nos places de tendidos (et plus si affinités), afin que ceux qui organisent puissent payer les toros (et les toreros, même si n'a pas été évoqué ici le ''qui DEVANT ces toros-ci?'' - et non un ''qui pour ACCOMPAGNER ces toros-là?''), afin que les ganaderos puissent les élever... Parce qu'après le dernier Saltillo, ou le dernier Coquilla, il sera temps d'ouvrir les dernières bouteilles...

Bernard GRANDCHAMP
A lire deux excellents articles sur CyR: «Taisez-vous !» de Laurent LARRIEU et «Idiosyncrasie* du taurino» de Philippe MARCHI
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